L'art du regard
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Approfondissant ma connaissance de l'oeuvre de Bergman sur le tard, et usant de l'audace naïve propre aux béotiens, je m'autoriserai deux bémols.
Le premier concerne l'utilisation relativement pauvre de l’ellipse : les deux très longues séquences d'aller-retour en bateau m'ont semblées interminables et le film aurait à mon sens gagné en intensité et en rythme si ces voyages maritimes, qui créent un décrochage émotionnel dans cette forme exagérément étirée, avaient été beaucoup plus ramassés (deux ou trois fondus enchaînés au lieu d'une vingtaine auraient fait la blague).
Le second concerne le fameux regard caméra de Monika, considéré par Godard comme le plan le plus triste de l'histoire du cinéma. Le plan est effectivement très beau, très fort et surtout très évocateur, tellement que tout ce qui suit semble un peu inutile. Sans aller jusqu'à dire que Bergman aurait pu/dû faire sauter le dernier quart d'heure du film, j'ai tout de même trouvé que ce dernier mouvement ne faisait qu'illustrer tout ce qui était contenu dans le regard qu'adresse Monika au public, et qu'il était donc, si ce n'est inintéressant, finalement assez dispensable. Comme si Bergman avait sous-estimé l'intelligence du spectateur face à un plan d'une beauté, d'une audace et d'une puissance évocatrice qui se suffisaient à elles-mêmes pour créer le juste climax émotionnel.
Ces deux réserves mises à part, le film, emporté par la bourrasque sensuelle Harriet Andersson, a globalement su me toucher.
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Créée
le 2 juil. 2018
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