Pas vraiment accroché.


Pourtant ça démarre très bien. On nous présente monsieur Ripois de manière efficace et on ne peut que jubiler à l'idée de ce que va en faire l'auteur. Et puis, d'un coup, l'auteur déçoit : on part dans une histoire racontée, autrement dit on adopte la structure du flashback. Ce procédé n'est pas très intéressant ici car l'auteur ne fait jamais qu'illustrer ce qu'on avait compris par nous même dans les 15 premières minutes. C'est donc peu intéressant à suivre, d'autant plus que les personnages sont très faiblement écrits : le personnage principal ne fient rien d'autre que ce à quoi on s'attend, les personnages secondaires passent complètement à la trappe. Ce dernier point est d'autant plus malheureux que dans les 15 premières minutes, on suit également le point de vue de la 'proie', ce qui permet ainsi de lui donner plus de profondeur et de crédibilité, alors que toutes les pouliches qui nous sont présentées par le biais de cet anti-héros n'ont absolument aucune consistance : soit elles disent oui, soit elles disent non mais pour ensuite dire oui. Pire, tout le jeu de manipulation que l'on attendant venant de ce personnage ne vient jamais : il lui suffit d'un phrase ou d'un geste pour convaincre les pauvres victimes. De ce fait, on ne ressent pas non plus les conflits, choses que l'on aurait ressenties si l'auteur avait raconté son histoire au présent, notamment lorsque le personnage principal tente de séduire l'objet de ses pulsions ; d'ailleurs, et c'est malheureux, on ne ressent les conflits que dans cette introduction, jamais durant les flachbacks et seulement très faiblement dans les rares occasion de revenir au présent.


Il me paraît intéressant de s'attarder sur le message que le film transmet sur les femmes. D'un côté, on sent que ce qui pousse le héros à agir ainsi, c'est le fait que la femme soit indépendante : tous les personnages féminins sont capables de se débrouiller seuls. le héros ne s'en plaint jamais directement, mais le fait qu'elles prennent des décisions, lui imposent certaines choses le dérangent clairement. En même temps, on constate qu'il n'accorde pas plus de valeur à la femme docile et soumise qui fait tout pour lui convenir. Les femmes doivent juste être à sa disposition. De ce fait, on en conclut qu'il s'agit d'une critique de l'homme et de son attitude phallocratique envers la femme. Mais en même temps, je trouve la psychologie féminine tellement mince hormis le premier personnage (et encore, ça sera nettement moins approfondi dans les retours au présent qui suivent) que je n'arrive pas à me dire qu'il s'agit de dire du bien de la femme. Mais en même temps, j'ai l'impression qu'il s'agit bine plus d'un problème d'écriture qu'un problème de sexisme : on aurait remplacé le héros par une femme, les personnages secondaires (alors masculins) n'auraient probablement pas été mieux écrits. Je pense donc que l'écriture des personnages est globalement assez faible et va jusqu'à parasiter les intentions des auteurs.


La mise en scène m'a rendu perplexe. Cette première courte partie est bourrée de mouvements intéressants, René Clément suit ses personnages au plus près, surtout le très en mouvement Gérard Philipe. Dès qu'il passe aux flashbacks, le travail de caméra paraît moins inspiré ; l'intrigue se suit sans déplaisir mais on ne retrouve pas toute l'audace des scènes filmées dans le présent. Globalement cela reste donc de bonne facture avec un certain soin apporté à la photographie. Les acteurs s'en sortent tous assez bien aussi pour ce registre qui nécessite parfois de tomber dans la caricature. Cela ne dévalorise nullement le produit, le ton est construit de telle sorte que le cliché et la caricature sont les bienvenus (de toutes façons, ces éléments sont toujours présents dans tous les films, le tout est de voir comme ils sont exploités).


Bref, je me suis un peu ennuyé, ce film est pour moi un gâchis, l'auteur aurait pu présenter là un vrai personnage politiquement incorrect avec des situations bien épineuses, finalement, c'est assez convenu, gentil, peu inspiré. Dommage.

Fatpooper
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le 7 mai 2017

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Fatpooper

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