Beuh, c'était chiant quand même. En fait, on dirait un film social franco-belge tourné par un stagiaire de Michael Bay (on a même droit au plan tourniquet que Bay affectionne tant).
Il ne se passe pas grand chose, le scénario est assez vide. Beaucoup de thèmes sont abordés mais rien n'est exploré, on se contente de montrer. Le pire, c'est le personnage central qui est une vraie moule pendant les deux premiers segments et puis qui change du tout au tout dans le dernier. D'abord, c'est chiant un personnage qui ne dit rien et ne fout rien, c'est même parfois misérabiliste parce qu'il vit un véritable calvaire et qu'il n'a aucun moyen d'en réchapper, ensuite parce que cette évolution, même si elle est accompagnée d'une ellipse, ne passe pas, sans doute parce qu'il n'y a aucune évolution entre les deux premiers segments (il aurait été bon de déjà le transformer une première fois). Les conflits, les vrais, sont donc très rares, on touche plus à l'ordre du misérabilisme, c'est-à-dire des obstacles face auxquels le héros ne peut rien faire (l'addiction de sa mère, sa sexualité qui pose problème, sa difficulté à s'intégrer). Les situations sont également très pauvres, rien n'est exploré, rien n'est approfondi, l'auteur se contente de laisser traîner l'intrigue gratuitement (comme toutes ces scènes avec ce père de substitution ou encore cette douce branlette sur la plage, il n'y a rien autour de ça, les scènes sont très pauvres).
Heureusement la mise en scène est globalement réussie, avec de jolis plans séquences à la Michael Bay, de belles lumières, de belles couleurs, de belles compositions de cadre. Une mise en scène avec de gros sabots, ce qui n'est pas forcément un mal en soi, mais qui trouve ses limites dans des scènes où justement il ne se passe rien. La confrontation mère-fils dans le deuxième segment, par exemple, avec les plans face caméra, je les ai trouvé risible, parce que c'est un moment important et dramatique, et que c'est filmé vraiment trop frontalement, c'en devient un peu grotesque, risible, Z ! Les acteurs sont bons, globalement, mais sous-exploités : les faire parler au ralenti n'est vraiment pas la meilleure façon d'en tirer le maximum de jus (sans mauvais jeu de mots). Les différentes interprètes de Chiron assurent, je suis juste très surpris et déçu du choix du dernier acteur, une sorte de 50 cents en moins bodybuildé, même si ce dernier parvient à se montrer touchant sur la fin.
Bref, pas terrible ce "Moonlight", c'est pas avec ça que les blacks gays pourront parader fièrement, hélas.