Mortal Engines est le dernier né de la grande famille des adaptations de séries littéraires pour jeunes adultes, véritables poules aux œufs d’or pour Hollywood depuis le succès commercial du premier Twilight (2008) et de ses multiples comparses (The Maze Runner, Hunger Games, Divergente...). Celui-ci est estampillé en gros et même en énorme « Peter Jackson », jusqu’à en oublier qu’il n’en est pas le réalisateur, mais juste producteur et co-scénariste. Est-ce donc un gage de qualité ? Malheureusement pas.


Ce Mortal Engines, à l’univers pourtant très original et que j’attendais avec intérêt, sonne creux. De l’univers aux personnages en passant par l’intrigue, on n’y croit pas vraiment.
L’univers n’est jamais correctement introduit. La comparaison avec Le Seigneur des Anneaux, référence en la matière, est cruelle. La Communauté de l’Anneau prend 4 minutes pour poser les bases, nous présenter les enjeux de la Terre du Millieu en revenant sur son histoire. Ici, à peine aura-t-on droit à 30 secondes et dix lignes de texte. Le symptôme le plus désastreux : on ne saura jamais pourquoi les habitants de ce futur post-apocalyptique ont cru bon de poser des roues sur leurs cités et dépenser une énergie démentielle juste pour les faire bouger. De manière générale, on dérive plus qu’on navigue dans cet univers, apprenant le minimum syndical pour comprendre l’action au fur et à mesure.
L’intrigue est d’une facture très classique. Trop classique, au point de ne jamais surprendre et même de peiner à intéresser.
Idem pour les personnages, qui sont tous creux et peu intéressants (sauf, à la rigueur, Esther)... En plus d’être, pour beaucoup, inutiles. Jackson et ses deux compères au scénario Walsh et Boyens auraient du supprimer la moitié des personnages secondaires pour en apprendre plus sur la motivation et le passé des autres.


La (première) réalisation de Walter Rivers est fonctionnelle, mais ne tire pas le meilleur parti des architectures dantesques dieselpunk/victoriennes de ces villes sur roulettes. On aurait aimé en voir plus, se sentir véritablement immergé dans leurs méandres et leur topographie, plutôt que de rester, comme pour tout le reste, dans le survol. Malheureusement, on se demande s’il n’a pas obtenu ce poste grâce à sa relation de longue date avec Jackson plus que grâce à son talent.


Finalement, les seules véritables bonnes surprises que nous réservent ce Mortal Engines sont ses acteurs principaux. J’aime beaaucoup et Hugo Weaving et Robert Sheehan (génial dans Misfits). Et j’ai découvert l’islandaise Hera Hilmar, que j’ai trouvé excellente avec un côté sauvage qui colle très bien à son personnage. Ce dernier souffre au passage du même syndrôme qu’Art3mis dans Ready Player One : c’est une jolie fille qui, à cause d’une marque au visage, ne serait plus bonne qu’à servir (très littéralement) de chair à saucisse. C’est un peu du foutage de gueule.


Bref, Mortal Engines est une nouvelle déception à mettre au crédit de Peter Jackson, en panne moteur depuis 2005 après son King Kong : une mauvaise adaptation d’un univers pourtant prometteur, devenu presqu’impersonnel.

Bastral
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le 23 déc. 2018

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Bastral

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