Rallumer une console, des souvenirs, des combos mortels… Un soupçon de plaisir jouissif se dessine dans l’antre de la Warner et qui semble mettre un point d’honneur à regrouper ses figures emblématiques sur la même scène. Exit les kaijus, retour au jeu de combat révolutionnaire, qui a déjà connu deux adaptations live-action, dont on ne retiendra que le rire perfide d’un Christophe Lambert, en harmonie avec son décalage. Mais pas question de reproduire un aussi gros bide pour Simon McQuoid, sur les rails d’un reboot et d’une nouvelle franchise. Mais face à la fatalité de la situation, son engagement témoigne d’un manque de discernement. Avec un catalogue de personnage aussi fourni, il ne restait plus qu’à en caractériser un minimum, d’élaborer des décors audacieux et de créer des interactions qui flirtent avec le second degré de l’humour noir. C’est donc à se demander si un aussi banal cahier des charges aura été pris au sérieux ou si jeter un cinéaste aussi peu expérimenté pourrait dédouaner le studio, afin de prévenir un nouvel aveu d’échec.


Et bien, c’est un méli-mélo d’arguments qui ne sont pas miscibles et qui se répondent encore moins lorsqu’on essaye de s’attaquer au cœur du sujet : l’action. Certains ne retiendrons que les combats et ce serait déjà un point fort de l’intrigue, qui tente en vain d’intéresser sa fidèle audience ou les plus grands curieux. Inutile de faire un rappel sur le mouvement, mais ce sont pourtant les choix de cadrages qui poussent les affrontements à une visibilité en deux dimensions, comme s’il fallait absolument restituer l’angle des téléviseurs. Il nous est rarement permis de nous engager dans un point de vue assumée, alors que les poings ou les pouvoirs ne sont pas les seules armes du jeu. Sur ce terrain, Kano (Josh Lawson) domine l’ensemble des rôles, pour la simple raison qu’il se rapproche le plus de l’âme des jeux et de l’esprit du personnage, hautement vulgaire, gras et vicieux. Lui seul, semble être conscient d’un aspect méta, qui ne sera qu’à peine exploité, voire effleuré, par crainte de heurter la sensibilité de ceux qui ont alterné ont tant souffert dans l’arène.


C’est pourquoi le héros principal du récit ne trouvera ni la grâce, ni le souffle d’éveiller la rage et l’aura qu’entourent sa personnalité. Nous sentons que Lewis Tan a du mal à incarner Cole, vraisemblablement le descendant et messager direct d’une saga qui cherche à creuser sa place à Hollywood. Un autre personnage, servi en caméo, aurait d’ailleurs mieux fait l’affaire à ce sujet. Il est donc le réel poids d’un premier volet qui ne prend ni la peine d’exposer ou de conclure correctement son cycle. En échange, on nous rabâche les vertus familiales, craignant de manquer d’empathie ou peut-être d’humanité, dans une lutte qui doit déterminer le sort de la Terre. La présence de Sonya Blade (Jessica McNamee) justifie tout un protocole de légitimité, en cherchant l’approbation de ses pairs masculins et du public par la même occasion. Le film ne cesse donc jamais de faire un pas en retrait, mais trop tard, la musique techno-pop vient tout juste de déclencher une lecture convenue d’une cinématique, qui n’a pas plus d’ambition que de présenter ses règles et non sa foi envers la résurrection de vauriens, prêts à en découdre.


Héros ou vilains, tel est la question. Nous n’aurons pas forcément le temps ni l’envie, à présent, de nous investir dans une quête que le studio confond avec le fan service. Ni la sagesse de Liu Kang (Ludi Lin), ni la légèreté de Raiden (Tadanobu Asano), ni la pression glaçante de Sub-Zero (Joe Taslim) ne relèveront le défi du « Mortal Kombat », inexistant dans le fond et la forme. Et le plus triste dans cette affaire, c’est que le camp de l’Outworld soit sévèrement amputé de sa cruauté et de sa crédibilité, rendant ainsi impossible de croire aux enjeux de personnages qui laissent l’aléatoire dicter le prochain coup qu’ils donneront ou recevront. L’intrigue est face à un miroir, trop épais, pas assez jubilatoire et surtout peu inspiré, en dehors d’un déluge graphiquement figé dans la glace.

Cinememories
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le 12 mai 2021

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