L'erreur quand on se décide à visionner un remake est de ne jamais avoir goûté avant au matériau d'origine. Du coup, ce n'est pas comme si c'était impossible de pouvoir effectuer des comparaisons judicieuses. Mais la prudence est de rigueur avec Darren Lynn Bousman, un homme réputé pour ne jamais rien avoir fait de bon dans sa carrière. L'ami de l'horreur va nous sortir un film d'une rare stupidité qui verse de plus en plus dans le n'importe quoi que l'on doute ne pas être assumé tant il est persuadé que ce qu'il fait est bien.


On plante le petit contexte sympa de la tempête, qui est apparemment une tornade. Enfin, on ne sait pas trop quoi et on ne verra rien, sinon un peu de pluie et un fifrelin de vent. Mais vous comprenez, c'est pour le style un peu "waow !". Nous est alors présenté une galerie de personnages devenant des victimes et qui sont tous aussi peu inspirés les uns que les autres. La seule chose que l'on attend est de voir quand est-ce qu'ils se feront abattre comme des charognards par une famille déjantée et hyper soudée qui ne peut s'empêcher de ressortir l'honneur de la famille comme un Vin Diesel le ferait dans Fast & Furious. On a de fait la mère BCBG et castratrice qui a voulu tenir éloigné ses enfants de la méchante civilisation pour lui inculquer ses propres enseignements. On ne sait pas trop leurs motivations existentielles et, à vrai dire, on s'en fiche un peu.


Ce que l'on remarque est qu'ils ne distillent jamais la peur, n'impressionnent à aucun moment tant ça en fait des tonnes pour pas grand chose. On a le féru du fusil à pompe raciste, le puceau qui chiale de ne pas avoir tiré son coup avant de clamser, l'aîné un poil plus sage mais juste d'apparence et la soeur effacée. Pour les autres protagonistes, je vous l'ai dit. Ils n'ont rien à offrir mis à part leur beauté physique pour la gente féminine. La parenthèse beauf peut être clôturée. Très vite "Mother's Day" va se transformer en huit clos, la baraque devenant l'antre de la perversion morale. Les rapports entre nos petits amis vont se déliter face à l'incommensurable pression psychologique de Maman la rageuse stérile. Ce qui est con dès le départ, c'est que la première fille abattue ne sera en fait pas morte. Elle sera retrouvée en pleine nuit derrière le container, un peu dans les vapes. Pourtant, elle s'est prise une bastos en pleine poire la malheureuse ! Au moins, on est fixé très rapidement sur le dénouement du récit. Le suspense est donc anéanti.


La suite des événements ne sera que caricature sur caricature. Au sous-sol, les mecs s'énervent en cassant quelques cannes de billard pour ne rien faire. Plus tard, on remarquera qu'un cadeau contient des couteaux de cuisine (qui offre sérieusement ça à un ami ?) mais tout le monde semblait avoir auparavant oublié ce détail. C'est con quand même ! Parce que, même seul, si on me laissait sans surveillance, je ne tournerais pas comme une poule sans tête dans la pièce. Ici on se console, on pleure, on s'énerve, on a mal, on attend l'arrivée divine de la police. Le flic part parce que le pauvre n'a pas de mandat et en bas, on crie "Mais où est-ce qu'il va ?". Bah faire sa ronde peut-être en*oiré ??? Excusez le de ne pas être Dominique Lehmann, le voyant des stars, la star des voyants.


On se permet quelques petits jeux psychologiques pour passer le temps. On cuisine un gâteau au chocolat que je n'oserais même pas donner à mon chien. Il faut bien chercher à meubler les 1h52 au risque de ne rien dire, à part cracher que la nature humaine est méchante et gnagnagna. A se demander qui sont les vraies victimes entre ces fatalistes de dernière rangée de fac de psycho ou les séquestrés qui voulaient juste passer un bon moment à l'abri d'une tornade qui ne se formera jamais. Et puis viennent les fulgurances où les meurtres finissent par nous faire pouffer de rire. La fille qui lâche un "oh non" en s'enfuyant avant d'avoir le crâne coupé en deux par une balle, c'était comique je l'avoue. De même que le type qui expédie sa femme dans l'au-delà dans une gerbe de sang sans faire exprès. Malgré le carnage graphique, elle survivra, pas de souci !


"Mother's Day" finit par devenir un vrai foutoir qui est plus pathétique que choquant (l'a-t-il seulement été à un moment ?) où les habituels grands thèmes repris 500 000 milliards de fois sont exploités avec la subtilité d'un éléphant trisomique. On obtient donc un produit fade, insipide, sans personnalité. Merci Darren Lynn Bousman !

MisterLynch
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le 18 nov. 2021

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