Rarement le titre d'un opus de la saga James Bond aura aussi bien porté son nom au vu des cinq reports successifs dont le film a été la victime.


Et au passage, rendons honneur sur ce point à Barbara Broccoli et son demi-frère, Michael G. Wilson, pour ne pas avoir cédé au chant des sirènes des plates-formes et garantir que James Bond, c'était avant tout un spectacle dédié au grand écran.


On l'aura donc attendu longtemps, ce vingt-cinquième opus en forme de baroud d'honneur pour Daniel Craig, et de point d'orgue pour son mandat, ayant pris une certaine forme sérielle, une première pour la franchise, aspect décrié dès lors qu'il est décliné chez Mickey ou qu'il met en scène des super-slips.


Ah la la ! Ironie, quand tu me tiens...


Alors, que reste-t-il après la projection, pensez-vous sans doute...


Quelque chose à un ou deux crans en dessous de Skyfall et de Casino Royale, sans aucun doute. Mais quelque chose de très bien troussé et nerveux, qui, fait rare pour un James Bond, ne souffre d'aucune longueur parasite, malgré les presque trois heures de séance, une première pour la saga.


Quelque chose qui divise sans doute déjà, même si le film s'inscrit dans une parfaite logique au vu des Bond précédents, montrant un agent secret plus humain et plus fragile. Ou encore sur une remplaçante qui, au delà de son sexe et de sa couleur de peau, ne fait que jouer à la baby-sitter de luxe au détriment de Moneypenny, qui avait pourtant été illustrée, elle-aussi, comme une guerrière bad ass.


Quelque chose qui regarde dans le rétro et se permet un curieux inventaire de Spectre, pour mieux rebondir et solder les comptes. Et faire oublier les écarts et incroyables sorties de route de l'opus précédent, qui versait dans un aspect vain assez hallucinant, avec ses poursuites gratuites, son avion en balsa et son uber explosion au milieu de nulle part. Et de son Blofeld ultra déceptif, qui regagne ici tout toute l'ampleur de sa menace pesante le temps d'une fête en forme de chausse-trappe à Cuba et une scène référence du Silence des Agneaux.


Quelque chose qui restera en mémoire pour la qualité de ses scènes d'action, pas trop nombreuses mais variées, permettant de retomber amoureux de la superbe Ana De Armas, de profiter d'une très efficace séquence inaugurale, ou de ressentir l'oppression d'un raid sur une île-repaire, très prisée des méchants des années soixante.


Mais Mourir Peut Attendre remet surtout Madeleine Swann au centre du jeu, au contraire de Spectre, pour dépeindre un James Bond qui semble avoir rendu les armes et baissant la garde pour ses beaux yeux. Pour constater que la faiblesse principale de l'agent secret, tout comme avec la Vesper Lynd de Casino Royale, est bel et bien son petit coeur caramel. Pour teinter sa fragilité de mélancolie, puis d'une tristesse douce et inéluctable.


Malgré les twists que l'on voit venir d'assez loin, Mourir Peut Attendre offre donc une jolie sortie de scène à Daniel Craig et un opus faisant oublier fort heureusement toutes les tares de son grand frère Spectre, signant la belle fin pleine de sensibilité d'un personnage iconique et permettant un futur renouveau de la franchise sur des bases saines.


Non, le matricule 007 n'est pas qu'un numéro.


Behind_the_Mask, l'espion qui m'aimait.

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le 6 oct. 2021

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