Ne lui cherchez pas des (chi)noises !

Etant bon public et friand de films d'animation, il sera difficile pour moi de ne pas aimer un bon Disney. Pourtant, on sait bien que le studio fondateur de Mickey et Donald ne va jamais chercher à repousser les limites de la narration, si bien que l'on peut sentir une certaine lassitude à force de voir la même morale recrachée à en perdre sa salive. D'un autre côté, il semble que Disney a toujours su s'adapter à son époque (non sans quelques gadins) et enrober son message d'une façon à ce qu'une nouvelle génération d'enfants s'y attache et que l'ancienne garde ou les jeunes adultes de mon âge reste connectée avec le produit. La Reine des Neiges a beau être surexploité et surestimé au rapport qualité/succès financier, il reste à mon sens une très bonne illustration de l'évolution de Disney dans son traitement des personnages (Oui, j'ai mis 8/10, j'assume). Cela tombe bien car en dépit de ses limites évidentes, c'est aussi le cas de Mulan qui, mine de rien, préparait le terrain pour le futur hit du studio.

C'est Disney, vous êtes prévenus !

Disney est un vendeur de rêves, rien de nouveau. Du pantin de bois devenu petit garçon à l'éléphant qui vole, de la citrouille devenant carrosse au mendiant marié à une princesse, vous connaissez son catalogue. Dans Mulan, nous avons une chinoise qui essaie de se trouver une place dans une société ne laissant que peu d'espoir aux femmes. Nous savons tous comment cela allait finir, c'est le contrat tacite que l'on signe avec eux, le happy end obligatoire. Ça et les animaux mignons, les personnages secondaires comiques, la romance et les chansons. Nous l'acceptons et nous nous attardons sur les autres qualités du métrage ou alors nous traînons des pieds et les limites du renouvellement de Disney ne nous sauterons que davantage aux yeux. De cela dépendra notre appréciation de Mulan.

Dans mon cas, je m'attendais surtout à passer un bon moment avec des personnages fort sympathiques, un humour bon enfant, de bonnes idées en rapport avec son histoire et quelques variations sur la formule de base, le tout avec deux trois passages échevelés parce qu'il faut bien appâter le jeune garçon aussi. Mission accomplie, pas plus, pas moins. Il ne sublime rien comme le carré d'or du début de cette décennie mais il est déjà moins bancal que ceux qui ont suivi ce "mini âge d'or". Il sait ce qu'il doit faire, il s'y tient et le fait bien. Son vrai point fort, c'est cette sympathique que dégage le long-métrage. Même si ça ne va pas très loin ici, Disney a souvent réussi à nous livrer des figures attachantes chacune dans leur genre et ne se rate pas entre les soldats, la grand-mère (sa réplique de fin m'a tué) ou Chi-Fu, sans parler du criquet qui nous donne cet humour visuel muet que j'affectionne beaucoup. Le (sou)rire est de mise pendant une bonne partie des 88 minutes grâce à eux.

"Comme un homme..."

Pour ce qui est des personnages principaux, Mulan remplit elle aussi son contrat, bien que je puisse tiquer en constatant une si grande différence entre la maladroite du début et celle qui arrive à éviter (presque) tous les coups de ses ennemis mais passons. Elle ne révolutionne rien mais ce n'était pas le but de toute façon. Elle reste badass et ça fait du bien en comparaison d'autres personnages féminins de la branche, d'autant que la romance est traitée de manière plus discrète, ce qui est à la fois raccord avec le contexte du film et permet de mieux accepter ce mal nécessaire chez Disney. Mushu est parfois énervant mais il ne dépasse pas la limite, on l'apprécie malgré tout et possède ses bons moments et répliques. Le méchant est plus anecdotique et pour le coup, il ne peut que souffrir de la comparaison avec ses prédécesseurs mais il a quand même une certaine présence qui le démarque. Enfin si l'ambiance musicale est réussie (avec Jerry Goldsmith aux commandes, ça aide), les chansons marquent moins, quoique "Comme un homme" m'est resté en tête une fois le visionnage accompli.

Niveau doublage, comme très souvent, la VF gère en animation. Mention spéciale à Michel Prudhomme, notre Zazu du Roi Lion qui s'amuse tout autant en Chi-Fu et à l'éternel Richard Darbois en Shan-Yu. De manière générale je pourrais me repasser un film rien que pour entendre sa voix, quelque soit le registre. Sachant que Eddie Murphy doublait Mushu en VO je suis surpris qu'on ne se soit pas adressé à son doubleur attitré comme pour Shrek mais je dois avouer que José Garcia est très convaincant et s’imprègne bien du personnage, là où le timbre de Med Hondo aurait peut-être moins collé. Très content aussi de retrouver Christian Pélissier (notre Capitaine Haddock de la série animée Tintin) en Yao. Enfin, si j'ai rien à redire sur sa prestation, avez-vous capté que la doubleuse de Mulan n'est nulle autre que Liliane de Scènes de Ménages ? Quand on s'en rend compte, on a un sacré bug de cerveau. Tout autant que quand on sait que José est le Hercule de Dragon Ball Z mais passons.

Changement dans la continuité

Je ne peux classer Mulan dans les incontournables ou dans mes préférés car en dépit de ses qualités, il ne m'a pas autant transporté que les perles de Disney. Peut-être un manque de magie, de souffle épique, allez savoir. Puis je suppose qu'en tant que garçon, je ne peux m'identifier à Mulan comme la gente féminine le ferait, ce qui ne peut que diminuer l'impact. Encore que la Reine des Neiges et la Belle et la Bête m'ont davantage plu en dépit de personnages principaux féminins faisant chacun écho à Mulan (Belle dans son rejet des conventions, Anna dans son enthousiasme et sa maladresse).

Cela étant, cela n'enlève rien à ses qualités soulignées ci-dessus. C'est un bien bon Disney que je ne chercherai pas à revoir à tout prix mais je serai content de le faire si l'occasion se présente.