Azad Shero Selim, plus connu par son nom de scène Hiner Saleem, a fui à 17 ans sa région natale du Kurdistan irakien dirigé par Saddam Hussein pour rejoindre l’Italie puis la France. Depuis des années, les peuples kurdes d’Iran, de Turquie, de Syrie et d’Irak subissent leur minorité dans leurs pays respectifs. Guerre civile, tentatives de soulèvement, exécutions massives et interdictions d’exercer leur culture ou d’apprendre leur langue est le lot de nombre d’entre eux. Aujourd’hui, seul le Kurdistan irakien dispose d’une relative indépendance, surtout depuis le renversement de Saddam Hussein.
My Sweet Pepper Land, du nom de l’auberge dans le film, est le 8e long-métrage d’Hiner Saleem. Tourné au Kurdistan, cette contrée brute et ravagée en pleine reconstruction rappelle les westerns américains. Et l’histoire de l’homme de loi luttant contre les ripoux ne fait que contribuer à cette ambiance.
Dans ce monde où chaque jour est une lutte, la superbe Govend jouée par l’iranienne Golshifteh Farahani essaye de défendre ses convictions personnelles face aux hommes sous le regard de plus en plus bienveillant de Baran… ce qui ajoute au tableau une dimension romantique et une tension sexuelle.
Au son du hang drum et à la vision des plans d’Hiner Saleem, aussi bien sur les paysages que les acteurs, j’ai ressenti un immense coup de cœur pour cette œuvre singulière. My Sweet Pepper Land parvient à toucher par la simplicité et l’honnêteté de son schéma narratif, sans survictimiser ni surhumaniser ses héros.