Les bas-fonds de Boston

Clint Eastwood a eu tendance à varier quelque peu son cinéma au fur et à mesure que les années avançaient. Si le style est différent, l'homme s'attache pourtant toujours autant à montrer des individus au destin pas toujours simple ou extraordinaire.

Mystic River ne déroge pas à cette règle puisqu'on plonge dans les quartiers ouvriers de Boston, où trois amis d'enfance se retrouvent mêlés à une histoire de disparition. Jimmy voit sa fille disparaître et retrouvée assassinée. Dave enquête sur le meurtre tandis que Sean semble être soupçonné de ce crime. Les trois comparses sont de nouveau réunis dans la douleur, après un tragique événement d'enfance qui verra Sean être violé par des pédophiles.

Film dramatique s(il en est, Eastwood offre un film parfois un peu trop propre, parfois un peu trop académique et dont la révélation finale coule malheureusement un peu trop sous le sens. En effet, difficile d'oublier ce coup de téléphone d'un gamin qui précise bien qu'on s'adresse à une femme alors que le corps est découvert dans une fosse après des recherches assez approfondies de la police. Les deux gamins ont donc vu le corps, ou pire en sont responsables.

Mais là où le film demeure extrêmement intéressant, c'est dans le jeu d'acteurs du trio Penn, Bacon et Robbins dans le rôle des trois personnages liés par ce destin funèbre de la jeune fille. Les seconds couteaux ne sont pas en reste non plus.

L'oeuvre navigue en eaux troubles dans un milieu défavorisé où les personnages ne semblent jamais être tout blanc ou tout noir. Des personnages forts dans un monde presque sans pitié et où ils n'hésitent pas à braver la loi pour se faire justice. Jimmy est par exemple un gangster repenti, mais aussi un ancien meurtrier.

Clint Eastwood offre donc un film maîtrisé, mais pas exempt de défauts. Toutefois, cette oeuvre s'intéresse suffisamment à ses personnages et il s'y dégage un film finalement humain et profond.