Pendant les 30 premières minutes, on se demande un peu l’intérêt du film et, surtout, ce que l’on fait là ; jeux d’acteurs approximatifs, énième série z à zombies… Puis, générique (au bout de 30min !) et flashback. Là, on suit chronologiquement ceux qui seront les acteurs de ce film, souvent de manière accidentelle. Le film déploie alors tout son potentiel humoristique et toutes ses bonnes idées. L’immersion dans la vie de l’équipe de tournage et des acteurs est l’occasion d’une satire du monde du cinéma assez bien sentie, et surtout de la présentation de personnages légèrement caricaturaux dont les caractéristiques s’avèreront déterminantes dans le futur tournage. Car il est là question d’une double (triple au générique final) mise en abyme.
Quand le tournage en direct (en un seul plan séquence !) commence, on jubile : tout prend sens. Les moindres détails des 30 premières minutes, qui nous avaient glissé dessus, comme l’ensemble du film jusqu’alors, prennent sens à la faveur d’incongruités et d’accidents divers. Ainsi, cet homme ivre (et qui ne sait pas jouer) qui s’écrase accidentellement sur la porte, forçant les personnages à improviser, et qui est au bord de l’effondrement le reste du temps. Ou encore, cet homme en pleine diarrhée dont la sortie de la salle, motivée par ses besoins fécaux, semble être dans le tournage originel une plongée dans la gueule du loup. Ce qui paraissait naturel dans le premier acte relève en fait de l’improvisation lié à des accidents successifs, et toute la puissance du hors champ se déploie alors. Le film est d’une précision au millimètre, et aucun détail n’est laissé au hasard. La réalité se mêle à la fiction, et on rigole de bon cœur devant son écran d’autant plus que, contre toute attente, les personnages en sont devenus attachants.
Le générique montre, à l’occasion d’une triple mise en abyme que les conditions réelles de tournages furent assez proches de celles montrées à l’écran : notamment avec cette échelle visant à filmer le dernier plan, remplacée dans le film par une pyramide constituée par l’équipe de tournage, dont l’effondrement régulier pousse le réalisateur à mettre sans cesse en pause une scène.

ForestStream
8
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le 26 oct. 2021

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