American Psycho Drives et se Crash ?

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Résumé: Un film qui m'a paru partir assez mal, et qui finalement constitue une très bonne surprise de cette fin d'année. Des très bonnes performances d'acteurs, des thèmes variés intéressants, et une ambiance immersive dans Los Angeles et sa population, voilà ce que Nightcrawler (le titre original) nous propose de découvrir.

Le film démarre sur le personnage joué par Jake Gyllenhaal, et dès la première scène, je sens le film mal parti. Le film annonce directement la froide personnalité de Louis Bloom, un voleur maniaque et meurtrier dont on devine très rapidement un maximum de problèmes personnels. A ce moment, je me dis que j'aurais aimé ne pas le voir fracasser ce pauvre gardien, mais plutôt que l'histoire se joue un minimum du spectateur afin de découvrir si ce personnage est une victime ou un coupable en puissance. Ne pas voir la montre, mais plutôt la deviner dans le premier tiers, et ajouter un doute sur la façon dont il l'obtient. A ce moment du film, je pense à American Psycho (tiens avec Christian Bale, un autre acteur sujet aux transformations physiques).

Mais non, le film est court, le sujet intéressant, et le but du scénario n'est pas de donner dans la demi mesure ou dans le jeu des devinettes. Nous découvrons donc sa personnalité en quelques minutes, et l'histoire se déroule rapidement jusqu'à la révélation de sa nouvelle occupation: serial filmeur. Sans réelle transition, je me retrouve dans un métrage bien filmé, bien monté, avec des bonnes séquences tournées à L.A (et là je pense très furtivement à quelques plans de Drive, vision nocturne mais néanmoins colorée d'un ville qui ne dors jamais). Et toujours ce thème du désir obsessionnel du voyeurisme, à la fois critique des médias actuels, critique de la société, et ...autocritique, le spectateur étant lui-même posé en voyeur des faits et actions de Lou. Une belle mise en abîme qui nous pousse à en vouloir toujours plus, à en savoir toujours plus. Et donc, à ce moment du film, je pense à Crash (de Cronenberg): des accidents, des victimes, du sensationnel, du voyeurisme compulsif, le besoin d'en avoir toujours plus. Où se situe la limite entre le voyeurisme et l'implication dans les faits ?

Nightcrawler c'est bien plus que le thème du voyeurisme. Le film déballe tour à tour des sujets comme la réussite et l'échec personnelle et professionnelle, les relations personnelles et professionnelles, les relations dominés/dominants, la recherche de rêve américain, les inégalités raciales, de population ou dans le travail, le culte de la peur, la déformation des faits, la manipulation de l'audience... liste non exhaustive.

Sans en dévoiler plus, je décide de revoir ma petite critique du début de film, et je termine avec l'impression d'avoir vu un bon petit film indépendant, bien dirigé, avec des acteurs exceptionnels, et quelques seconds rôles toujours agréable à revoir (Bill Paxton, René Russo).
Jake Gyllenhaal prouve encore une fois cette année qu'il est un très bon interprète, et ce, peu importe le rôle, en s'impliquant physiquement et mentalement à fond dans son rôle. A condition d'oublier Prince Of Persia, il enchaîne depuis 2005 (Brokeback Mountain) des rôles multiples, différents, riches, et toujours très intéressants à jouer. Je découvre cette année Prisoners, Enemy et enfin ce rôle de Louis "Lou" Bloom. Et j'ai déjà hâte de le voir en boxeur transformé physiquement dans le prochain Fuqua: Southpaw. Une transformation physique qui n'est pas sans rappeler un autre acteur adepte du fait: Christian Bale. Un oscar d'interprétation masculine pour Jake en 2015 ? Je vote pour.

Carton rouge à la traduction du titre original: Nightcrawler devenant Night Call - un titre bien pauvre comparé à la signification sans équivoque du "ver de terre" traqueur de fait original. Et une mention passable à la bande sonore, qui m'a parue inexistante.

En conclusion, j'ai apprécié le film en tant que spectateur, mais je ne suis jamais rentré émotionnellement dedans, peut être par peur de devenir moi-même ce voyeur avide de violence et de faits sanglants comme critiqué plus haut. Je me suis volontairement mis en retrait pour échapper à la critique du film, et pouvoir mieux l'analyser. Ceci explique ma note de 6 pour ce film très réussi, et qui pour moi est une bonne note, mais qui peut interroger quelques lecteurs de cette critique.

Je vous recommande ce film pour ses acteurs, son propos et la façon dont il a été mise en scène. Une très bonne surprise de cette fin d'année 2014.
SeBoO
6
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le 2 déc. 2014

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SeBoO

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