Lou Bloom : sociopathe, arriviste, manipulateur, visionnaire, génie.

Nightcrawler (titre original), Night Call (titre français à but promotionnel) pour surfer sur la vague "Drive", utile? inutile?


Je n'en sais rien, d'ailleurs ce n'est pas ce qui m'a poussé à choisir une séance en fin d'après-midi pour ce film, un jour de novembre. L'affiche du film, à l'esthétique relativement soignée, m'a probablement poussé à aller le voir : je n'avais même pas reconnu Jake Gyllenhaal dès le premier coup d'oeil.


Bref, ce jour là je devais voir le fameux "Interstellar", et par curiosité je suis allé enchaîner les deux films :
-l'un était vendu comme jamais, j'en avais entendu de bons échos, certains même criant au "génie", le comparant à un certain "2001 : L'Odyssée de l'espace" (argument inutile à mes yeux, n'ayant pas vraiment apprécié l'odyssée spatiale kubrickienne).
-l'autre, rien en fait, sauf l'affiche à l'esthétique relativement soignée et le titre qui aurait pu ne pas être modifié.


Night Call était la surprise : Lou Bloom (Jake Gyllenhaal), est d'abord présenté comme un personnage animé par le meilleur moyen de se faire de l'argent. Il est pourtant confronté à la réalité, celle qui ne va pas forcément subvenir à ses besoins : et des besoins, il à l'air de ne pas en manquer, en particulier celui de satisfaire ses pulsions. L'ascension commence...


Cette ascension s'amorce lorsque Lou assiste à un accident de voiture (jusqu'ici ça va pour lui), puis à une équipe de tournage qui va s'empresser de filmer la scène. Lou va découvrir petit à petit un milieu où les images les plus choquantes se vendent à prix d'or : un bon moyen de se faire de l'argent, mais surtout de satisfaire les pulsions du sociopathe qu'il est.
Lou s'équipe, Lou patrouille, Lou filme, Lou revend, Lou en veut plus (ce n'est pas seulement le cas de Lou), donc Lou en fait plus. Il en fait même trop.
Mais pourquoi raconter le film? Je ne ferais que spoiler ceux qui ne l'ont pas vu, et raconter aux autres ce qu'ils savent déjà.


Ce qui m'a d'abord marqué dans ce film, c'est la facilité à pouvoir suivre l'action de certaines scènes à travers les yeux de Lou Bloom, et surtout de pouvoir y ressentir une forme de tension mêlée à de la curiosité (pendant certains moments je me sentais psychopathe, notamment la scène ou Lou assiste à "la totale", et va ensuite prendre du temps dans la réalisation, la mise en scène : le souci du détail, malgré la menace d'une arrivée imminente de la police). Ainsi se crée une forme de perversité momentanée qui m'a permis de voir comme Lou, de penser comme lui. C'est pour moi une force impressionnante contenue dans ce film.


Ce qui peut aussi être souligné, c'est les questions que l'on peut se poser pendant et après visionnage. On peut déjà se retrouver dans ce monde de l'info-divertissement à l'américaine, où le respect s'est échappé depuis un bon moment (si vous voulez le trouver, "Interstellar" vous aidera peut-être, je ne sais pas) et où la culture du choc est bel et bien présente. Certains spectateurs y verront une critique de ce genre de journalisme à travers "Night Call", à mon avis ce n'est pas le cas. Ce qui m'amène à me demander si certaines limites morales existent, si elles ont vraiment existé. Finalement, la réflexion est relative à partir du moment où elle est subjective. Tout comme votre avis sur ce film.


Pour ma part, c'est l'une des surprises de 2014 : un film intelligent, sans trop de complications, qui traite un sujet d'actualité à travers un personnage, doté d'une personnalité propre (et c'est ce que je demande), dans un cadre exceptionnel : une grande ville où les anges n'ont pas réussi à imposer leur loi.


J'espère que cette critique vous a plu, et je vous remercie de l'avoir lue.

lyam19
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 6 mai 2015

Critique lue 268 fois

1 j'aime

lyam19

Écrit par

Critique lue 268 fois

1

D'autres avis sur Night Call

Night Call
Kobayashhi
8

La nouvelle obsession de Jake !

Cette journée commençait bien mal pourtant, arrivé au cinéma pour découvrir que la séance de Night Call était complète et s'orienter par défaut vers celle de The Search n'augurait rien de bon...

le 29 nov. 2014

104 j'aime

8

Night Call
CableHogue
4

Tel est pris qui croyait prendre...

Lou est un petit escroc qui vit de larcins sans envergures. Seulement, il veut se faire une place dans le monde, et pas n’importe laquelle : la plus haute possible. Monter une société, travailler à...

le 25 nov. 2014

94 j'aime

36

Night Call
Saymyname-WW
9

Un thriller haletant et sans compromis ! (Sans spoilers)

Ce film retrace donc le parcours de Lou, un jeune homme qui n’a pas fait d’études et qui se débrouille comme il peut pour survivre. Jusqu’au jour où il décide de se lancer dans une carrière de «...

le 26 nov. 2014

90 j'aime

28

Du même critique

Frangins malgré eux
lyam19
8

La fraternité, c'est si drôle que ça? (éloge du talent)

Là, je ne peux que m'incliner face à ce film que j'ai vu en VF, VOST, VFQ, versions longue et classique, peut-être une vingtaine de fois. Les personnages/frangins, Dale (John C. Reilly) et Brennan...

le 6 mai 2015

6 j'aime

1

Whiplash
lyam19
9

C'est une histoire de tempo...

Ma première critique. Whiplash, dès que j'ai vu l'affiche, je me suis dit : "C'est pas un titre de Metallica ça?" En fait, dans Whiplash, il y a de la batterie, de la musique jazz et du TEMPO (et...

le 5 mai 2015

4 j'aime

4

Walk the Line
lyam19
6

Pourquoi porter du blanc quand on peut porter du noir?

L'homme en noir a tout compris! Johnny Cash est certainement l'un des plus grands artistes musicaux du XXe siècle, je pense surtout que c'est celui qui a pu sortir des merveilles jusqu'au bout de sa...

le 10 mai 2015

2 j'aime