Avec une discrétion rare, Jake Gyllenhaal fait preuve d'une curiosité peu commune dans le choix de ses films et de ses metteurs en scène. Après Duncan Jones (Source Code), David Ayer (End of Watch) ou Denis Villeneuve (Enemy et Prisoners), le voici qui accompagne le premier passage derrière la caméra de Dan Gilroy (le frère du réalisateur de Michael Clayton). Il y incarne un jeune homme en galère qui, une nuit, errant dans L.A. à la recherche d'un mauvais coup, se retrouve témoin d'un accident, et voit surgir deux cameramen qui vont filmer au plus près et au plus sanguinolent les images du drame pour les revendre à une télé locale. Saisissant le bon filon, il s'achète une DV et se métamorphose en... serial filmeur, guidé par les fréquences piratées de la police.
Sa composition d'illuminé, dépassant soir après soir les limites du trash, est saisissante. Notamment quand, passant du charme désarmant à la menace flippante, il négocie avec la rédactrice en chef de la chaîne low cost (Rene Russo, madame Dan Gilroy à ville) à qui il refourgue ses scoops crapoteux.
Night Call raconte le parcours d'un gars de son temps, muré dans une logique de profit et de célébrité. Le film fait froid dans le dos. Et, par ce prisme, dresse un portrait implacable de la course au scoop et de la fascination pour les faits divers, dont les téléspectateurs sont les complices passifs. Jusqu'où aller au nom du sacro-saint droit à informer ? Où s'arrête l'information et où commence le spectacle ?