2 PUTAIN de millions de dollars !!


Voilà ce que ramène Llewelyn Moss de sa partie de chasse miraculeuse.
Llewelyn Moss (qui n'est autre que ce viril mâcheur de chewing-gum de Josh Brolin) est un cowboy "pied tendre", un looser façon Texas: Stentson vissé sur sa tête vide, chemise à motifs ringards et jean bleu métal, poutre apparente fourni avec son chausse-bite pour pouvoir l'enfiler.


Llewelyn ne s'attendait pas à ça en partant tirer ses lapins Texans.
Un PUTAIN de charnier là, à ses pieds "Santiagués".
Un carnage. Du rouge partout. Une valise. 2 briques de billet vert qui lui tendent les bras au Redneck.
Il réfléchit pas trop, il embarque le grisbi.
La PUTAIN de mauvaise idée !
Des 4x4 vrombissant lui collent au cul, des clébards enragés, dents acérées, lui filent le train et nagent aussi vite qu'une Laure Manaudou tentant de récupérer sa sex-tape.


C'est difficilement qu'il retrouve sa caravane délabrée et sa morne compagne aux yeux triste; ou bien l'inverse, je sais plus trop.
Partie gagnée, me direz-vous ??


Pas si simple.
Un genre de Mireille Matthieu avec des couilles, de playmobil malsain, qui inverserait les rôles, et jouerait avec tes enfants. Le bien nommé Anton Chigurh.
Sorte d'allégorie au pif tordu de l'Ange de la mort. Cet Ange exterminateur explosant tronches et serrures au pistolet d'abattage (et qui n'est autre que le meilleur acteur du monde, le balèze Ibérique: Javier Bardem) est bien décidé à retrouver notre John Wayne de la loose.
Et cela, coûte que coûte...


Pendant ce temps-là, le shériff du comté, fataliste fatigué, épaules voûtées, accusant un assez grand nombre d'années lui pesant aux paupières et incarnation de la lassitude faite homme.
Ce shériff usé (qui n'est autre que le merveilleusement bien ridé Tommy Lee Jones), suivant nos 2 protagonistes "à la trace" (si évidemment l'hectolitre de sang peut être considéré comme une trace ?!), ayant toujours un train de retard et ramassant, telle "la voiture-balai" du tour de France, les nombreux gars laissés sur le carreau, et dont les impacts rougis des balles traversant leur corps remplacent les trous effilés des seringues dans les avants-bras.


Ce Shériff véritable survivance de cette Amérique à cheval, à vapeur et à lasso, poursuit nos 2 fuyards, tentant de démêler les fils complexes de cette affaire.
Promenant avec lui, dans son bagage, cet oeil désabusé, cette incompréhension et cet effarement qui devait être le même que celui de ces cowboys perdus en plein désert, voyant débouler en klaxonnant la première automobile à essence...


C'est une épopée sanglante que nous offrent les frangins.
Un film noir comme une cave de sérial killer et pourtant tellement lumineux. Une lumière aveuglante et la même perte de repères, le même tâtonnement prudent que dans l'obscurité la plus totale.
Des espaces à perte de vue, des chiées de kilomètres sans âmes qui vivent; mais cette sensation d'étouffement, cette nature immense encore plus oppressante, plus déstabilisante que 4 murs blancs. Une claustrophobie d'extérieur.
Cette récurrence scénaristique des Coen pour LE magot maudit, cet appât du gain assassin.
Ce "Bad guy at the bad place" ressort immuable chez les frères et donnant cette grande latitude au scénario, leur permettant les insertions habiles et fréquentes de l'humour dans le drame et inversement.


Les années 2000 des Coen reprennent des couleurs avec ce "No country for old men".
Oublié les "Ladykillers" et autres "Intolérable cruauté". Les Coen ressuscitent le Western ou l'enterrent encore plus profondément que ne l'avait fait Peckinpah, je ne sais plus.
En tout cas, en font un vrai film des frères Coen et redonnent des couleurs à leur cinéma.
Une belle couleur : Rouge sang.

Ze_Big_Nowhere
9
Écrit par

Créée

le 21 nov. 2013

Modifiée

le 21 nov. 2013

Critique lue 3.2K fois

68 j'aime

19 commentaires

Ze Big Nowhere

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

68
19

D'autres avis sur No Country for Old Men

No Country for Old Men
Strangelove
10

Le rouge et le (très) noir

Que se passerait-il si les frères Coen se prenaient à mélanger la violence crue d'un Fargo avec la noirceur d'un Blood Simple ? Je ne sais pas pour vous, mais j'appellerait ça un chef d'oeuvre. Et...

le 11 févr. 2016

114 j'aime

1

No Country for Old Men
DjeeVanCleef
9

Pile ou face

Texas, début des années 80. Alors qu'il chasse à l'ouest de l'état, sur ce territoire encore sauvage, coincé entre les Etats-unis et le Mexique, Llewelyn tombe sur un carnage, une hécatombe : un deal...

le 10 mai 2014

108 j'aime

9

No Country for Old Men
ErrolGardner
10

Non, ce monde n'est pas fait pour un vieux shériff désabusé.

Le film divise. Il y a ceux qui sont dithyrambiques, et il y a ceux qui crient à la tromperie, au simulacre de chef-d’œuvre. Je fais partie intégrante des premiers, et je le hurle sur tous les...

le 23 avr. 2013

100 j'aime

5

Du même critique

Touche pas à mon poste
Ze_Big_Nowhere
4

Touche pas à mon despote !

J'ouvrais péniblement les yeux aux sons d'applaudissements frénétiques et mécaniques. J'étais assis au milieu d'un public bigarré, béat d'admiration devant ce qui se passait devant lui. Les...

le 3 mars 2016

241 j'aime

42

Les Anges de La Télé-Réalité
Ze_Big_Nowhere
1

Les Tanches de la téléréalité

12:30. Brenda se lève difficilement après une nuit arrosé avec ses amis dans une boîte à la mode de Miami. A ses côtés Jenifer, Steven et Brandon ronfle paisiblement sur les coussins multicolores...

le 28 mai 2015

227 j'aime

30

South Park
Ze_Big_Nowhere
10

American Way of F*ck

Colorado. État de l'Ouest des États-Unis. Capitale: Denver. Une superficie de 269 837 km2 pour plus de 5 millions d'habitants. Des vallées gigantesques d'un côté, les montagnes rocheuses de l'autre...

le 28 déc. 2015

198 j'aime

16