Derek Kolstad doit appréhender l'écriture de ses scénarios bourrins comme un challenge : celui de trouver le prétexte le plus what the fuck possible pour déchaîner la violence de la vengeance de ses personnages.


Car après la mort d'un chiot souvenir d'une femme disparue, place donc au vol supposé d'un bracelet chaton de la fille du héros, aux allures de loser, représenté dans la répétition et la lassitude de sa vie quotidienne, pour ensuite, au terme de l'agression traumatique, poser la question de la virilité et de sa représentation à l'écran.


Car oui, la déferlante de violence sera sans cesse retardée, le temps de se poser la question du pathétisme suscité dans un premier temps par le personnage de Bob Odenkirk, étonnant passe-partout mais à l'investissement physique de tous les instants.


Le reste, une fois la démultipliée actionner passée, se montre comme un décalque de la série matricielle John Wick, dont à peu près chaque ressort et chaque figure identifiable sera convoquée à la fête du bourre-pif.


Moins stylé, moins grandiose, moins gun-fu, moins marqué par la mythologie criminelle que son modèle, Nobody arrive cependant à conserver intact le plaisir de son action et de sa baston, ainsi que la clarté de ses affrontements brutaux et qui font parfois très mal à l'écran. En témoigne par exemple cet affrontement inaugural dans un bus où Hutch est loin de sortir indemne.


Tout cela en portant l'attention du spectateur sur les deux ennemis, désabusés, comme lessivés, en quête d'une certaine idée du réenchantement d'une vie qui ne leur convient plus, avant que le film ne verse dans un climax débridé, aux allures délibérément cartoon, comme s'il fallait prendre un peu de distance avec ce qui s'est passé à l'écran jusqu'ici.


Cela pourra paraître un poil déroutant, mais Nobody offre à son spectateur ce qu'il attend avec une générosité peu commune, tout en se conformant aux canons modernes du film d'action tels que définis par la saga John Wick. Aucune surprise à l'horizon donc, si ce n'est ce contre emploi de Bob Odenkirk aux allures de réinvention, tandis que le plaisir régressif de la torgnole vengeresse joue à plein.


Soit pile ce pourquoi le spectateur a payé sa place, finalement.


Behind_the_Mask, qui a amené plein de fusils et plein de russes.

Behind_the_Mask
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2021 et Une année au cinéma : 2021 enfin !

Créée

le 3 juin 2021

Critique lue 2.4K fois

18 j'aime

Behind_the_Mask

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

18

D'autres avis sur Nobody

Nobody
Sergent_Pepper
5

Breaking Dad

La question du cliché est finalement plus complexe qu’il n’y paraît. C’est certes l’argument idéal pour démonter une œuvre, dans la mesure où l’on peut aisément démontrer que tout ce qui nous est...

le 2 juin 2021

49 j'aime

6

Nobody
Fatpooper
5

Nothing

La bande annonce m'avait pas follement émoustillé, mais j'étais curieux de voir ce John Wick moins esthétique. La première demi-heure m'a agréablement surpris : c'est brutal, c'est violent, mais ce...

le 11 mai 2021

19 j'aime

Nobody
Behind_the_Mask
7

Mon nom est Personne

Derek Kolstad doit appréhender l'écriture de ses scénarios bourrins comme un challenge : celui de trouver le prétexte le plus what the fuck possible pour déchaîner la violence de la vengeance de ses...

le 3 juin 2021

18 j'aime

Du même critique

Avengers: Infinity War
Behind_the_Mask
10

On s'était dit rendez vous dans dix ans...

Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...

le 25 avr. 2018

204 j'aime

54

Star Wars - Les Derniers Jedi
Behind_the_Mask
7

Mauvaise foi nocturne

˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...

le 13 déc. 2017

189 j'aime

37

Logan
Behind_the_Mask
8

Le vieil homme et l'enfant

Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...

le 2 mars 2017

181 j'aime

23