La bande annonce m'avait pas follement émoustillé, mais j'étais curieux de voir ce John Wick moins esthétique.


La première demi-heure m'a agréablement surpris : c'est brutal, c'est violent, mais ce qui fait que ça passe bien, c'est que le personnage semble morfler autant que ses adversaires.


Après quoi, c'est un peu la dégringolade : des scènes d'action se poursuivent, les auteurs justifient tout cela avec un passé sombre du héros, on se rend compte que malgré les apparences, il est une machine à tuer et plus rien ne semble l'arrêter, il excelle en tout et on regrette qu'il ne soit plus ce monsieur-tout-le-monde. On ne sait même pas pourquoi à la fin il se fait aider, puisqu'au plus le film avance, plus il se prend des chutes spectaculaires et moins il a mal.


Le méchant semblait prometteur au terme de cette première demi-heure, après une introduction violente faisant concurrence à celle du héros. Puis, plus rien. Il est là comme un figurant, il n'est plsu exploité ni en terme de caractérisation ni en terme de violence, il s'agit juste un peu, mais on en oublie pourquoi il est censé être aussi redoutable.


La fin est très décevante : ultra explosive mais aussi ultra peu inspirée, avec juste un enchaînement de balles tirées et de cadavres qui s'amoncellent sur le sol. Les gentils délivrent leurs punchlines pas très inspirées non plus et repartent sans trop d'égratignures.


On peut aussi parler du message du film. C'est un actioner, donc en soi, pas de souci à ce qu'on nous vende la violence comme la meilleure solution à tous vos soucis. Mais ici, ce qui est un peu dérangeant, c'est que ça commence avec un père de famille qui aurait pu faire mal à ses cambrioleurs, mais il refuse d'avoir recours à la violence (on a droit à une scène explicative très nulle par la suite). Et c'est fort. On se dit alors que la violence ne résout rien. Surtout que lorsqu'il y cède, ça a pour répercussion d'attirer des malfrats de la pire espère : la violence en appelle à la violence. Mais après cela, ce n'est plus qu'une surenchère avec en prime une évolution positive du héros : quand il tue, il se sent bien. Et donc la violence appelle la violence, mais la meilleure façon d'enrayer ça, c'est de tout faire péter. S'il n'y avait pas cette fausse présentation sérieuse, ça m'aurait moins choqué. Après, ça ne joue pas sur mon déplaisir du film, c'est juste une réflexion par rapport à ce que j'ai vu.


Notons aussi que le film est clairement conçu pour accueillir des suites, hélas. J'aurais aimé au moins que tout se déroule en un film, que les auteurs ne cherchent pas à en faire une saga, mais vu la façon dont ça se termine, on peut facilement imaginer une suite exploitant davantage le trio.


La mise en scène n'est pas vilaine. Moins maniérée que la bande annonce ne le laissait présager, moins inspirées aussi que ce que j'aurais cru, dans l'ensemble ça se suit bien, avec quelques bonnes chorégraphies pour les premières scènes, des placements et mouvements de caméra pertinents, un montage efficace (dont on retiendra la séquence routinière du début : ce n'est pas nouveau mais cest réalisé efficacement). Les acteurs sont bons, Bob Odenkirk a une bonne gueule, joue bien et n'a pas exagéré la muscu, si bien qu'il a l'air tout-à-fait normal. La BO est très chouette, mais c'est sans doute sur cet aspect que le réalisateur se veut cool ; ça se ressent parce que parfois c'est un peu forcé, un peu gratuit.


Bref, ça se regarde, le début est prometteur, mais ça devient vite gonflant.

Fatpooper
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le 11 mai 2021

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Fatpooper

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