Christ(opher) Wallace dans la vallée de l'ombre de sa mort annoncée

Après les biopic plus ou moins réussi de et avec Eminem dans 8 Mile, puis de 50 cent avec Réussir ou Mourir, on passe à la catégorie supérieure, celle des légendes mortes en pleine gloire avec Notorious B.I.G.. Le film ne va pas être à la hauteur du talentueux rappeur de Brooklyn, cela ressemble plutôt à un long clip produit par Sean Combs, continuant d'exploiter le potentiel commercial de son défunt artiste.

Durant 2h, on va nous conter la vie de Christopher Wallace aka Notorious B.I.G., aka Biggie Smalls, aka Big Poppa. Il est interprété par Jamal Woolard, un rappeur avec la même carrure que son illustre aîné et provenant aussi de Brooklyn. Une similarité qui ne va pas l'aider à rendre hommage à l'immense rappeur. Il manque cruellement de charisme, ce qui explique surement l'absence de succès dans sa carrière sous le pseudonyme de Gravy. Son visage n'exprime pas grand chose, il n'y a aucune subtilité dans son jeu et il frise parfois le ridicule comme lorsqu'il tente de faire sourire Faith Evans (Antonique Smith). Il faut dire que le scénario ne fait pas dans la finesse et files tout droit vers son décès annoncé, en nous assommant de multiples plans de New-York, tout en séduisant nos tympans avec des morceaux hip-hop de la côte Est.

La réalisation clipesque de George Tillman Jr. finit par être lassante. La saturation des couleurs est poussée à l'extrême. Dans un clip de 5mn, c'est cool. Dans un film de 2h, c'est épuisant. On va avoir droit à la panoplie complète des accessoires du parfait petit dealer devenu rappeur, avec de la drogue, dollars, guns, femmes dénudées, Moët, insultes, etc... Au milieu de ces clichés, on a aussi un défilé de stars avec Sean "Puffy" Combs (Derek Luke), Tupac Shakur (Anthony Mackie), Lil Kim (Naturi Naughton) et Faith Evans (Antonique Smith). Ils sont là pour pallier les errances d'un récit se contenant de montrer et non de raconter. C'est une succession de scénettes, souvent sauvées par les morceaux de Biggie en fond sonore avec en point d'orgue Who Shot Ya?

L'homme ne fait pas rêver. Il a été élevé par sa mère Voletta Wallace (Angela Bassett), n'a pas connu son père et va reproduire ce schéma familial. On nous le présente comme un bon élève durant son enfance, avant de passer directement à son adolescence ou il est devenu un dealer. Il n'a aucune morale, en vendant de la drogue à une femme enceinte, délaisse la mère de sa fille et va finir en prison. Un parcours classique, mais son talent de lyriciste va le sauver de la rue. Son physique ne plaide pas en sa faveur, pourtant il va s'imposer et devenir le roi de New-York. L'artiste est immense, mais l'homme reste un asshole. Il est infidèle et frappe sa femme. Ses zones d'ombre sont à peine effleurer, le film ne voulant pas trop salir le produit de Sean Combs.

Cette longue plage musicale East Coast, ne veut pas s'ennuyer avec l'histoire. Son format est tellement classique, que l'on a presque l'impression que Notorious B.I.G. est un personnage fictif. La dernière demi-heure est épouvantable avec l'approche de son décès. On entre dans la période de la rédemption, le héros est devenu conscient de ses erreurs et s'excuse auprès de celles qu'il a blessé. Il se transforme en un grand sage à la limite de la figure christique, prêt à répandre la bonne parole avec la sortie de son second album Life After Death. Malheureusement, il va subir le même sort que son ancien ami devenu ennemi **Tupac Shakur*,* en étant assassiné lors d'une fusillade en voiture dans les rues de LA.

Le produit ne m'a pas emballé, cela manque de profondeur, de noirceur et surtout de réalisme. La présence de Sean Combs et de Voletta Wallace à la production, ne permet pas d'être dans l'objectivité sur la vie de Christopher Wallace et nous laisse perplexe avant la sortie du biopic consacré à Tupac Shakur, en espérant qu'il soit plutôt dans la lignée du N.W.A. - Straight Outta Compton.