Okja
7
Okja

film de Bong Joon-Ho (2017)

Voir le film

Okja n'est pas projeté dans les salles. Okja n'est visible que sur Netflix. C'est un gâchis quand on voit le potentiel du film de Bong Joon Ho. Et une réalité économique, aussi, il restera aux écrans de cinéma les blockbusters américains décervelés (soupir). Sans être le meilleur film du cinéaste coréen car tout de même soumis à certaines contingences commerciales qui l'emmènent parfois trop vers le divertissement familial, Okja témoigne d'une maîtrise et d'une science narrative ébouriffantes. Les ruptures de ton y sont moins marquées que dans d'autres films de Bong mais l'humour, la causticité et la créativité se relaient avec un certain bonheur dans cette fable écologiste qui s'en prend aux industries agroalimentaires et au marketing de masse sans ménagement. C'est la règle de jeu, certes binaire, que d'identifier aisément les bons et les méchants mais on peut regretter un excès caricatural quant aux derniers, surtout visible dans l'interprétation outrancière de Tilda Swinton et surtout de Jake Gyllenhaal. Mais bon, le message sur la maltraitance animale et les conditions de détention abominables passe comme une lettre à la poste. La première partie du film, celle des montagnes coréennes, est angélique et jolie comme tout mais réussit à ne pas être mièvre grâce au talent du metteur en scène et à sa créature numérique : une belle réussite que ce super-cochon, monstre aux yeux tendres. C'est finalement un sacré paradoxe que de donner la vedette à un animal génétiquement modifié alors que le film combat justement ces pratiques destinées à nourrir une population humaine affamée. Derrière les évidences thématiques d'Okja, se cachent d'ailleurs d'autres sujets comme celui de la ruralité coréenne qui comme partout a tendance à créer des citoyens méprisés car peu enclins à s'intégrer dans la machine capitaliste, quoique. Avec quelques longueurs, de menues incohérences et un soupçon de compromis, Okja reste encore très au-dessus de la majeure partie de la production déversée chaque semaine dans les salles de France et de Navarre. Au risque de se répéter, son absence dans les cinémas, c'est vraiment là que le bât blesse.

Cinephile-doux
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au fil(m) de 2017 ... et 200 films pour une décennie (2010-2019)

Créée

le 29 juin 2017

Critique lue 382 fois

4 j'aime

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 382 fois

4

D'autres avis sur Okja

Okja
Sergent_Pepper
7

La belle et les bêtes

Okja est un conte : à partir du moment où l’on accepte ce présupposé, on peut être en mesure de l’apprécier. Après une ouverture assez ébouriffante calquée sur un clip marketing adepte du Green...

le 22 mai 2017

119 j'aime

11

Okja
Gothic
7

Porks & Recreation

Je l'ai attendu hier ! Pour m'occuper l'après-midi en attendant que Netflix daigne le mettre en ligne, j'avais donc l'embarras du choix: poursuivre ma lecture du moment, à savoir The Man in The...

le 29 juin 2017

87 j'aime

18

Okja
Peaky
7

Dessine-moi notre futur

Okja n’est pas un film de SF, ce n’est pas une dystopie sympathique, c’est notre futur proche si rien ne change. La polémique ridicule accompagnant le film au festival de Cannes aura au moins eu un...

le 29 juin 2017

78 j'aime

5

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

76 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

74 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13