Made in Netflix

Le dernier film de Bong Joon - Ho est enfin disponible sur Netflix et après le débat autour de sa présence au festival de Cannes , l'heure est enfin venue de se faire un avis sur le film et non sur son système d'exploitation.
Autant le dire d'entrée de jeu : le fait que ce film n'ait rien gagné à Cannes voire même qu'il ait été hué lors de sa projection est un crime envers le réalisateur , l'équipe du film , les acteurs mais aussi envers le cinéma lui - même tant le film excelle dans ce qu'il essaye de faire et se révèle être la définition même d'une expérience cinématographique.
Bong Joon - Ho , réalisateur majeur du cinéma coréen et l'un des rares à avoir réussi à s'exporter aux Etats - Unis , signe une satire politique profonde mixée avec un conte pour enfants avec la plus grande efficacité dans les deux registres.

La réalisation nous offre des plans des milieux naturels japonais de toute beauté dans la première partie de film contrebalancés par la froide modernité des villes américaines et des bâtiments de la compagnie Mirando. Le rythme oscille entre lenteur assumée (mais pas forcément utile) , moments de pure contemplation et des courses - poursuites dantesques à New - York le tout aidé par des effets spéciaux à la limite du réel ( Okja semble réel ) qui crédibilise encore plus le film.

Le scénario n'est pas en reste et nous propose une satire politique réjouissante et rondement bien menée qui traite du pouvoir des médias et des industries , la manipulation de masse , le problème de la nourriture dans le monde , et les abattoirs ; le tout ne paraît pas indigeste et n'utilise pas tout le temps l'écueil de la caricature mais préfère tout simplement montrer de la manière la plus neutre possible ( l'abattoir des super - cochons ) et tente de pousser le spectateur à prendre conscience que les problèmes traités dans le film existent dans le monde réel mais sous une autre forme.
Le film prend le problème et tente de proposer des solutions. La bonne idée étant de montrer tout ceci avec le point de vue de Mija ( une enfant ) ce qui est d'autant plus efficace qu'il permet de faire passer le film dans le registre du conte pour enfant qui permet aux jeunes spectateurs de découvrir le monde et ses problèmes tout en ayant une morale à la fin qu'on a tendance à oublier et qu'il est de bon ton de rappeler. Le film est aussi un récit initiatique qui montre l'importance des relations qu'importe qu'elles soient humaines ou avec un animal.

Le casting fait un sans - faute sur toute la ligne : Ahn Seo - Hyun est très prometteuse , Tilda Swinton nous offre une double performance de haute - volée , Paul Dano , Lily Collins , Devon Bostick , Daniel Henshall et Steven Yeun sont très sympathiques en protecteurs des animaux en brin excessifs , Giancarlo Esposito et Shirley Henderson ( Mimi Geignarde dans la saga Harry Potter ) sont crédibles en tant que membres d'entreprise haut placés. Sans oublier la performance absolument géniale de Jake Gyllenhaal qui nous prouve encore une fois qu'il est l'un des meilleurs acteurs au monde actuellement tant il s'efface derrière son personnage et jongle entre des extrêmes au niveau de la folie qu'on a rarement vu au cinéma.

Le film manque parfois de justesse dans son ton ( certains passages sont parfois mal incorporés dans le tout global du film ) , il y a certaines longueurs pas nécessaires et certaines facilités scénaristiques , mais le film est une expérience cinématographique dans sa définition la plus précise : il fait voyager les spectateurs , critique tout en divertissant , fait même rire à certains moments , peut choquer à d'autres , mais c'est une expérience qu'il faut vivre et dont on en sort en disant : Merci .

PS : restez - jusqu'à la fin du générique...