Le fantôme des intellectuels inintelligibles
Je n'étais pas en territoire inconnu quand je me suis mis à regarder ce film puisque j'avais déjà vu de ce réalisateur thaïlandais, "Tropical Malady". Mais mon approche était empreinte de doutes tant ce long-métrage de 2004 m'avait paru obscur, hermétique, englué dans les délires métaphysiques de son auteur, incompréhensibles pour le spectateur lambda.
Oncle Boonmee reprend malheureusement les mêmes travers. L'absence de narration perd le spectateur et rend difficile son intérêt pour les personnages. Alors, certes, tout est très beau comme d'habitude avec Weerasethakul. La photographie est magnifique, chaque plan relève de l'art pictural, le montage est sublime. La scène notamment de la princesse qui est lutinée par un poisson est tout autant sexuelle que poétique. Mais quel est le sens ? Le rapport avec le reste de l'histoire ? Quelles sont les vies antérieures de Boonmee ? Après tout, les seuls fantômes qu'ils voient (sous la forme d'un fantôme dans sa définition habituelle, issue de l'imaginaire collectif ou sous la forme d'un simulacre de Chewbacca aux diodes rouges à la place des yeux) ne sont que ses proches défunts, en aucun cas, des réminiscences d'éventuelles vies passées, d'éventuelles réincarnations.
Oui, c'est beau. Mais que c'est froid, sans âme, monotone, lent et finalement ennuyeux. Un chef d'oeuvre du cinéma a besoin de beaucoup plus pour mériter un tel rang. La palme d'or lui fut sans doute attribuée avec beaucoup de générosité.