Des combats clandestins de boxe thaï organisés à Bangkok, Thaïlande, par une "organisation familiale" occidentale, une section de la police locale qui applique une justice impitoyable, il n'en fallait pas plus pour mettre en scène le successeur officieux de Drive. Nicolas Winding Refn engage à nouveau Ryan Gosling pour camper le premier rôle de Only God Forgives. Toutefois, même si cela lui sied à merveille, ce rôle est véritablement calqué sur celui qu'il joue dans Drive, à savoir un personnage inexpressif au regard de glace et avare en paroles, complètement instable mentalement et aux crises de folies qui semblent pouvoir survenir à tout moment. En ajoutant à cela une violence omniprésente, que celle-ci soit implicite ou clairement dévoilée à l'écran, ainsi qu'une réalisation très familière, la comparaison avec Drive s'arrête ici. Mais tout de même, sans être une suite officieuse, l'on pourrait considérer ce Only God Forgives comme un cousin éloigné de son prédécesseur.

Le scénario est loin d'avoir subi une réflexion poussée, et ne propose rien d'autre qu'une histoire de vengeance avec quelques variantes familiales, comme l'arrivée de la mère qui débarque à Bangkok après avoir appris la mort de son fils aîné, le frère de Julian (Ryan Gosling). En effet, le frère -qui organisait entre autres les combats clandestins- se fait tuer après avoir lui-même tué une prostituée, tout cela avec l'aval de la police locale -et d'un inspecteur en particulier, celui qui applique une justice implacable au-delà de la futile considération des normes législatives. Bien que les lignes scénaristiques soient peu nombreuses, cela ne porte pas pour autant préjudice à l'oeuvre à défaut de l'embellir.

D'ailleurs, en parlant d'embellissement, il est important de souligner la qualité de la réalisation qui nous offre parfois certains plans dignes d'un Wong Kar Wai et qui rappelle plus un Drive que la mise en scène poussive et souvent très lourde d'un Valhalla Rising. Cet élément est un des points les plus positifs du film, avec une vision nocturne de Bangkok qui dévoile un des aspects de la vie dans la capitale thaïlandaise, partageant le spectateur entre appréciation de la beauté et constat amer de la décadence omniprésente, entre violence, prostitution, crime et pédophilie - en témoigne cette réplique du frère qui rentre dans un bordel : "I'd like to fuck a 14 years old girl."

Mais Refn ne laisse pas l'occasion au spectateur de se prendre d'empathie pour ses personnages, et préfère le laisser se dépatouiller avec le fouillis récurrent de certaines scènes, entre variations temporelles peu concluantes, et rêves et cauchemars entachés d'une touche de "réalité". La fin est également aussi claire qu'une eau de mer agitée par un typhon et déformée en un tourbillon qui mélange le tout pour conclure des péripéties sympathiques à regarder, certes, mais d'un intérêt qui se limite finalement à une beauté visuelle agrémentée d'une bande-son des plus réussies, au-delà des performances très décevantes de Kristin Scott Thomas, peu convaincante dans ce rôle de mère gangster, et du trop-plein de similitudes sans jamais dépasser en intensité certains films du genre, tels que la trilogie Sympathy for... Vengeance (Sympathy for Lady Vengeance ; Sympathy for Mr Vengeance ; Old Boy) ou, évidemment, Drive. Un film à voir sans en attendre des miracles mais qui s'apprécie par son ambiance particulière très réussie.
Taurusel
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Taurusel

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