On oublie parfois la photo au cinéma. On oublie l'importance de l'image, de ce qui fait qu'un Refn ne sera jamais un G. Lucas, avec tout le respect que j'ai pour lui. En même temps, tout comme Drive, chaque plan est limite une peinture indépendante, tant la compo' et les couleurs sont travaillées. En fait, j'pense que c'est un des films les plus esthétique que j'ai jamais vu, si ce n'est le plus.


Mais le mec ne fait pas que de l'image, il fait du cinéma, du vrai. Dans le respect de son style, Refn abuse des moments de calme pour intensifier les moments de violence/d'action, et c'est toujours aussi efficace. On compte encore une fois les dialogues sur le bout des doigts et la violence crue nous fait toujours autant frémir. Dans les présents à l'appel, Ryan Gosling, faisant une ascension tout au long du film qui se verra à l'écran façon Apocalypse Now inversé, où l'on découvrira un monde rouge au début, lors de notre méconnaissance du personnage, où on l'associera à l'environnement où il évolue, sans loi et bêtement violent, et plus coloré à la fin où on aura connaissance d'éléments permettant de mieux le cerner lui, sans trop spoiler. Personnage assez intéressant d'ailleurs, ne collant pas du tout à son univers. On voit souvent l'unique chose a laquelle il tient vraiment, la call girl de luxe Mai, filmée derrière un rideau, étant derrière une barrière infranchissable, hors d'atteinte, le laissant dans l'incapacité de s'émanciper de son sort. Magnifique Bangkok.
Mais son lien relationnel le plus important étant évidemment celui qu'il entretient avec sa mère, à la fois fort et délicat, le poussant à faire des choses extrêmes. Lien étant évidemment représenté de manière violente par la scène où [SPOILER] Julian aka Ryan ouvre la ventre de sa mère pour y mettre sa main, remettant donc en question toute son existence aux vues des propos que sa mère à tenue concernant son avortement.
Second personnage important, le flic bad guy, très très réussit. Crédible de A à Z, très bien joué et à la personnalité bien marquée. Droit et juste, froid et implacable. L'ambiance sonore participant à renforcer l'oppression ambiante et l'angoisse insufflée par ce personnage. Ses pas très lents, avec ses gros mocassins, glaçant le sang, contrasté avec sa tentative de karaoke, devant ses flics/pions toujours immobiles. Génial. Seul point le rattachant à l'humanité : sa fille; ou ce qui s'en apparente, lui retirant aussi son aspect intouchable, et donnant lieu à une scéne finale très intense.


Refn ne fait pas des films sur la violence, il traite de la violence mais ne la glorifie pas, comme il le dit lui même. Il maîtrise tous les outils cinématographiques qui sont à sa disposition pour raconter efficacement une histoire. Et c'est toujours aussi jouissif.


Edit : Le film mise casi-tout sur son esthétisme, et c'est devenu tellement rare les beaux films qui ne s'appuient pas sur des FX pour faire de jolies images. Donc, moi, j'suis totalement pour, même si ça a l'air de déplaire à beaucoup de gens. Faut croire que certaines personnes n'aiment pas quand on essaie de faire les choses bien.

Ghettoyaco
7
Écrit par

Créée

le 22 mai 2013

Critique lue 1K fois

23 j'aime

8 commentaires

Ghettoyaco

Écrit par

Critique lue 1K fois

23
8

D'autres avis sur Only God Forgives

Only God Forgives
real_folk_blues
8

Thaî, glande, et Ryan erre.

Only God Forgives n’est pas un bon film. N’allez pas croire que vous verrez Drive, pauvres naïfs. N’allez pas espérer que Fight Club se soit payé un lifting, pauvres consommateurs. Ne supputez point...

le 3 juin 2013

149 j'aime

32

Only God Forgives
Anyo
8

Le langage du silence

Le cinéma est un art Visuel et Auditif. Notre cher réalisateur Danois acquiesce et nous livre une oeuvre à la facture audio-visuelle irréprochable. "Only God Forgives" rejoint "Samsara" et "The...

Par

le 24 mai 2013

140 j'aime

11

Only God Forgives
Gand-Alf
6

... Et l'enfer le suivait.

Pour avoir une idée de mon expression dépitée à la sortie de ma séance de "Only god forgives", je vous invite à vous poster devant un miroir et de vous observez en train de diviser 1356, 876543 par...

le 24 mai 2013

138 j'aime

13

Du même critique

The Yards
Ghettoyaco
10

Critique de The Yards par Ghettoyaco

J’adore James Gray. Je n’en étais pas totalement sûr après avoir vu We own the night et Two lovers, que j’avais tout de même beaucoup aimés, mais avec The Yards, j’en ai la certitude. Déjà, ce...

le 6 déc. 2014

34 j'aime

6

A Bittersweet Life
Ghettoyaco
10

L'homme qui voulait vivre sa vie.

Un homme. Un costard. Un gun. Dos au mur, songeur, le regard plongé dans le passé. Ça, ça va mal finir. Une affiche de rêve. Voila essentiellement ce qui m’a fait regarder ce film, et pas Memories of...

le 30 oct. 2014

27 j'aime

18

Drive
Ghettoyaco
9

Un vrai film de chevalier.

J'ai aimé Branson. Mais pas tant que ca. En tout cas, j'avais apprécier la prestation de Tom Hardy. Donc, j'm'attendais pas forcement a grand chose. Dès les premières minutes, j'connais deja la note...

le 6 oct. 2011

27 j'aime

4