Des plans ultra-millimétrés, de la musique désagréable et dérangeante quasi omniprésente, des putes, du sang, de la lumière artificielle malsaine bleue et rouge, des personnages immobiles comme des mannequins... Et trois mots échangés. La première heure ( soit 2/3 du film ) est extrèmement esthétique mais presque trop. Si on s'en prend plein les yeux, la compréhension elle n'est pas là. Cet enchainement de plans tous plus léchés les uns que les autres m'a laissée pour ma part un peu perplexe. J'aime bien quand il faut cogiter un peu mais là j'ai creusé mon cerveau jusqu'à laisser des traces sur la boîte cranienne et j'ai quand même pas compris.
Après c'est déjà mieux, l'esthétique est toujours là et en plus on commence à saisir le propos ce qui est plutôt agréable bien que cela n'efface pas la frustration du début, celle que laisse l'impression d'être la seule idiote complètement perdue.
Et la violence. Omniprésente. Crue, cruelle au point d'en être trop, une scène de torture était elle vraiment nécessaire? On se demande parfois s'il ne s'agit pas de violence pour la violence, sans autre but que l'hémoglobine, les cris de douleurs et l'inconfort que cela procure au spectateur.
Reste le jeu d'acteur, époustouflant.
Ryan Gosling, mutique au point d'en être parfois insupportable mais impressionant dans ses éclats de rage comme autant d'explosions.
Et Kristin Scott Thomas incroyable en mère castratrice, limite incestueuse. Glacée et glaçante en bimbo décolorée manipulant sans états d'âme son propre fils.
Au final je sais toujours pas si j'ai aimé. Le personnage du flic justicier, infaillible s'arrogeant le droit de choisir qui doit être puni, le karaoké, le complexe d'Oedipe, la métaphore du retour au ventre maternel, autant de choses qui me dérangent encore. Peut être que je ne suis pas encore apte à comprendre, peut être que dans 10 ans je le reverrai et tout me paraitra plus clair.
En attendant je pense qu'il mérite d'être vu, ne serait-ce que pour les sentiments contradictoires qu'il inspire.