Complètement envoutant ce film, cette ambiance pesante et oppressante de tous les instants donnerait presque un souffle au coeur. La moiteur de Bangkok, ce climat lourd, tout est fait pour mettre mal à l'aise les petits occidentaux pépères que nous sommes.
Ce n'est pas trop le travail sur les couleurs que j'ai retenu, trop présentes et saturées, ces moments dans le bar un peu lynchiens je les ai trouvés trop clichés, mal amenés. Par contre, le travail de Refn sur cette ambiance au ralenti, vraiment comme un film oriental, j'ai l'impression d'avoir vu un film oriental voilà. Il a capté cette aura pour la retranscrire, je ne vois pas autrement.
Pas de noir, pas de blanc, pas de héros, ni d'incarnation du mal. Personne n'a raison ni n'a tord, mais tout le monde peut avoir quelque chose à se reprocher sans jamais s'en vouloir. Ca coule de source jusqu'au dénouement. Et pourtant Refn n'explique pas, il montre, et il prend son temps pour le faire, pour déranger encore plus.
Le role de Gosling est déconcertant, l'acteur est fantomatique. Chang, le flic est effrayant de calme et d'efficacité, Kristin Scott Thomas est épatante. Mai est belle à mourir, ce que cherche Gosling "en elle" est hyper dérangeant.
Only God Forgives est un putain de film pour adulte, mature est sombre.
Ciao Drive, c'est acquis, c'est loin. On pense à Lynch c'est sûr, mais on se prend surtout une bonne tranche de vraie Thaïlande en pleine gueule, la sueur nous explose à l'écran, comme une goutte qui vient piquer l’œil après être restée coincée sur le sourcil. Ca pique de partout, ça pue sous les bras comme une envie de se doucher, l'impression d'être aussi sale que les protagonistes. Le sentiment de s'être égaré dans un lieu dans lequel on était pas les bienvenus.