S'il n'a aucun lien de parenté avec Lars Von, son homonyme dans la réalisation, Joachim Trier pourrait bien vite partager le feu des rampes. Son film mélancolique et pur sur la journée d'un ancien toxico prouve, s'il le fallait, la bonne santé du cinéma venu du froid.
La sensibilité dont fait preuve le réalisateur pour dépeindre le retour à la réalité de ce jeune homme, qui avoue lui-même avoir tout pour réussir, fait face à la brutalité du monde auquel il confronte son personnage. En manque de repères, Anders semble chercher désespérément quelque chose à quoi se rapprocher. Ses rencontres avec les acteurs de son existence passée (sa soeur, son meilleur ami) l'enferment un peu plus dans cette prison qu'il s'est lui même bâti.
Les dialogues sont superbement bien écrits, confondant de simplicité et débordant d'un cynisme mordant. Il semblerait que la réalité ne vaille pas la peine d'être confrontée sans l'écran protecteur que procure la drogue, une sensation qui nous est décrite dès le début du film lors d'une très belle séquence de thérapie. Mais c'est dans les moments où Anders se retrouve seul, même au milieu de la foule, que la capacité de Trier à filmer le vide s'exprime le mieux, comme dans cette scène marquante dans laquelle, assis à sa table devant un café, le jeune homme semble se noyer dans l'océan de banalité qui l'entoure.
Quasi one-man-show, le film donne à Anders Danielsen Lie, habitué du réalisateur, l'occasion de démontrer tout son talent. Pas facile d'incarner l'ennui et la désinvolture, pourtant le jeune homme y parvient sans forcer, attirant sur lui l'oeil de la caméra. Autour de ce corps noir gravite une galaxie de second rôle parmi lesquels on retiendra le meilleur ami cynique et cette jeune fille blonde à la beauté diaphane, dans le dernier quart du film.
Etude mélancolique de la morosité quotidienne, Oslo 31 août est un petit bijou plein de cynisme, comme on en voit trop rarement au cinéma.