S'il n'a aucun lien de parenté avec Lars Von, son homonyme dans la réalisation, Joachim Trier pourrait bien vite partager le feu des rampes. Son film mélancolique et pur sur la journée d'un ancien toxico prouve, s'il le fallait, la bonne santé du cinéma venu du froid.

La sensibilité dont fait preuve le réalisateur pour dépeindre le retour à la réalité de ce jeune homme, qui avoue lui-même avoir tout pour réussir, fait face à la brutalité du monde auquel il confronte son personnage. En manque de repères, Anders semble chercher désespérément quelque chose à quoi se rapprocher. Ses rencontres avec les acteurs de son existence passée (sa soeur, son meilleur ami) l'enferment un peu plus dans cette prison qu'il s'est lui même bâti.

Les dialogues sont superbement bien écrits, confondant de simplicité et débordant d'un cynisme mordant. Il semblerait que la réalité ne vaille pas la peine d'être confrontée sans l'écran protecteur que procure la drogue, une sensation qui nous est décrite dès le début du film lors d'une très belle séquence de thérapie. Mais c'est dans les moments où Anders se retrouve seul, même au milieu de la foule, que la capacité de Trier à filmer le vide s'exprime le mieux, comme dans cette scène marquante dans laquelle, assis à sa table devant un café, le jeune homme semble se noyer dans l'océan de banalité qui l'entoure.

Quasi one-man-show, le film donne à Anders Danielsen Lie, habitué du réalisateur, l'occasion de démontrer tout son talent. Pas facile d'incarner l'ennui et la désinvolture, pourtant le jeune homme y parvient sans forcer, attirant sur lui l'oeil de la caméra. Autour de ce corps noir gravite une galaxie de second rôle parmi lesquels on retiendra le meilleur ami cynique et cette jeune fille blonde à la beauté diaphane, dans le dernier quart du film.

Etude mélancolique de la morosité quotidienne, Oslo 31 août est un petit bijou plein de cynisme, comme on en voit trop rarement au cinéma.
Hyunkel
8
Écrit par

Créée

le 8 mars 2012

Critique lue 523 fois

7 j'aime

4 commentaires

Hyunkel

Écrit par

Critique lue 523 fois

7
4

D'autres avis sur Oslo, 31 août

Oslo, 31 août
emmanazoe
9

L'impression d'avoir rencontré quelqu'un...

Oslo, 31 août n'est pas un moment de cinéma comme un autre. Tout d'abord, rien que son titre, son affiche (très belle affiche !), et sa bande-annonce suggèrent un film assez énigmatique. Qui sait...

le 27 avr. 2012

112 j'aime

16

Oslo, 31 août
Sergent_Pepper
8

Comment vous dire adieu

S’il fallait résumer Oslo, 31 aout, on pourrait le décrire comme un film qui ne cesse de finir. Dès sa première séquence, celle d’un lent suicide raté, c’est l’adieu au monde qui prévaut, tout comme...

le 24 sept. 2015

103 j'aime

4

Oslo, 31 août
PatrickBraganti
10

Mélancolie norvégienne

Pour filmer vingt-quatre heures de l'existence de son héros qui a tout d'une non-vie, le norvégien Joachim Trier met à profit dans Oslo, 31 août son expérience d'ex-champion de skateboard puisqu'il y...

le 2 mars 2012

98 j'aime

11

Du même critique

Ma première fois
Hyunkel
3

L'amour au temps du Biactol

Bon en même temps, c'est vrai qu'avec un titre pareil, il ne fallait pas s'attendre à un film contemplatif sur la méditation transcendantale. Et que le résumé laissait augurer du pire. Mais bon, de...

le 17 janv. 2012

57 j'aime

6

Il était temps
Hyunkel
4

Back to the boring

Empereur de la comédie romantique à l'anglaise, Richard Curtis fait prospérer les vendeurs de mouchoirs depuis déjà vingt ans. Qu'il soit derrière la plume, comme pour 4 mariages et un enterrement et...

le 27 nov. 2013

29 j'aime

17

The Dark Knight Rises
Hyunkel
5

Gotham champ de bataille

Il y a sept ans, avant la sortie de Begins, Nolan partait avec le confort offert par un anonymat relatif, et surtout le désastre innommable, ineffable et total qu'était Batman et Robin. Aujourd'hui,...

le 27 juil. 2012

28 j'aime

7