L'adieu au langage, le langage des adieux

Il y a une chose que le film montre très bien c'est l'extraordinaire difficulté qu'il peut y avoir à mesurer la souffrance de quelqu'un qui a décidé d'en finir avec la vie. Et la difficulté de contrecarrer un tel projet.
Car après tout, Anders est un beau et grand jeune homme, relativement sûr de lui, plutôt intelligent et qui collectionne les conquêtes féminines. Il habite une belle capitale dans un des pays les plus riches et les plus ouverts qui soient.
La garantie du bonheur ? Hélas non. Anders compose comme il peut avec un mal être qui lui colle à la peau. Depuis des années, devine-t-on. Les autres veulent son bien être ? Lui trouvent du travail, des soirées et des amis ? La belle affaire ! Toutes ces briques du bonheur auquel tout un chacun aspire semblent dénuées de sens et inutilisables pour Anders.
Et autant que la difficulté des autres à le comprendre, c'est son incapacité à mettre des mots sur ce qu'il ressent qui parait insurmontable, comme dans cette scène où Anders tente en vain de se justifier auprès d'un employeur pourtant bienveillant.
Tout cela est très bien mis en scène par Joachim Trier. Par de longs plans introspectifs où l'on voit Anders devenir autiste à sa propre vie. Et même si, ici où là, surgissent des éclairs de joie : la balade en scooter, le morceau de piano...ils n'apporteront que de brefs répits dans un état de souffrance.
De ce point de vue, le film pose avec beaucoup de justesse la question du mal de vivre et celle, très prégnante, du suicide dans les pays scandinaves. Et en même temps ce sont les limites d'un film terriblement pessimiste qui, poursuivant jusqu'au bout la trajectoire implacable de son personnage, nous laisse nous aussi sur le carreau.
Un beau film malgré tout qui annonce déjà dans les thèmes et dans la forme, l’œuvre plus complexe et plus maitrisée que sera Back Home.


Mise en scène : 8/10
Personnages/Interprétation : 7/10
Histoire/scénario : 7/10


7/10

Créée

le 21 sept. 2016

Critique lue 193 fois

6 j'aime

2 commentaires

Theloma

Écrit par

Critique lue 193 fois

6
2

D'autres avis sur Oslo, 31 août

Oslo, 31 août
emmanazoe
9

L'impression d'avoir rencontré quelqu'un...

Oslo, 31 août n'est pas un moment de cinéma comme un autre. Tout d'abord, rien que son titre, son affiche (très belle affiche !), et sa bande-annonce suggèrent un film assez énigmatique. Qui sait...

le 27 avr. 2012

112 j'aime

16

Oslo, 31 août
Sergent_Pepper
8

Comment vous dire adieu

S’il fallait résumer Oslo, 31 aout, on pourrait le décrire comme un film qui ne cesse de finir. Dès sa première séquence, celle d’un lent suicide raté, c’est l’adieu au monde qui prévaut, tout comme...

le 24 sept. 2015

103 j'aime

4

Oslo, 31 août
PatrickBraganti
10

Mélancolie norvégienne

Pour filmer vingt-quatre heures de l'existence de son héros qui a tout d'une non-vie, le norvégien Joachim Trier met à profit dans Oslo, 31 août son expérience d'ex-champion de skateboard puisqu'il y...

le 2 mars 2012

98 j'aime

11

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

107 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

97 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17