Bourré de défauts et de très peu de qualités, Ouija est un énième film d’horreur pour adolescents qui vient s’ajouter à toutes ces histoires pour faire peur, mais qui passent complètement à côté. Conséquences : au mieux on s’ennuie, au pire on s’agace (et on s’agace beaucoup ici). Car, non content d’être un mauvais film « d’horreur », Ouija est un mauvais film tout court. Aux commandes de ce navire en perdition, le déjà inconnu Stiles White, réalisateur qui doit être impressionnable (pauvre garçon), puisqu’il semble penser que ses petits effets de mise en scène vont nous dresser les cheveux bien droits sur le crâne.


Seulement Ouija n’effraie pas, pas un instant, c’est à peine si on tressaille. L’histoire est trop convenue et vue un millier de fois : une maison dont les anciens propriétaires ont vécu un drame et reviennent hanter et tuer la nouvelle habitante, qui les a réveillés (quelle gourde) à travers un Ouija, ces fameuses planches couvertes de l’alphabet et utilisées dans les séances de spiritisme. On est donc en terrain connu, balisé et White n’a même pas pour lui l’effet de surprise.

La faute aussi à un rythme infernal, à un film qui prend un temps infini à démarrer et qui, du coup, provoque l’impatience du spectateur qui, lui, en voudrait pour son argent. C’est bien simple, le film met pas loin d’une cinquantaine de minutes à démarrer, c’est beaucoup trop, d’autant qu’il ne dure que 89 minutes. Le pire étant sans doute que tout ce temps consacré à l’introduction ne sert pas à rien, si ce n’est à poser les personnages. En-dehors de ça, c’est malheureux, aucune montée en régime, aucun suspens ni angoisse. Les deux tiers du film ne servent qu’à tourner autour du pot.

La faute encore à des acteurs que White à dû croiser au coin de la rue, à défaut de trouver des têtes d’affiches pour lui faire confiance. Au menu, on trouve dans le désordre Olivia Cooke, Daren Kagasoff (dont c’est le premier long, tu m'étonnes...), ou encore Douglas Smith. Pour faire court : les filles sont jeunes, belles et pulpeuses et les garçons sont ténébreux bref, tout ces tics cinématographiques propres au genre et dont Wes Craven s’était moqué dans Scream.

La faute également à la bande-originale de bazar, composée par Anton Sanko, qui tente tout au long du film de se hisser à la hauteur du genre (on ne parlera même pas des compositeurs de références) et qui s’écroule à la moindre note, tellement qu’on ne rend pas compte qu’elle est bel et bien présente. On dirait une bande-originale composée par un débutant sur l’orgue électronique qu’il a eu à Noël, qui aurait déjà entendu une telle musique et n’en aurait retenu que l’écume. Pourtant, l’horreur est le genre pour lequel la musique est la plus fondamentale, la louper c’est ôter la moitié de son impact au film.

Quand à la mise en scène, à défaut d’être créative elle est au moins scolaire, d’où l’ennui. Stiles White récite ses gammes sans aucun talent, use et abuse de l’effet-bus et oublie que celui-ci ne fonctionne qu’associé à un autre effet : l’effet de surprise. Les effets spéciaux sont bons et heureusement, puisque de ce côté-là ils souffrent, comme le reste du film d’ailleurs, du manque d’ambition de leur réalisateur, à croire que d’avoir été produit par Michael Bay n’a même pas aidé à avoir des moyens.

Voilà donc un film d’horreur absolument passe-partout, qui ne s’encombre ni de talent, ni d’ambition, on ne peut même pas se dire qu’on va le voir pour le prendre au dixième degré, histoire de rigoler un peu, même là on s’ennuie. C’est d’un vide total, d’une vanité incroyable et ça semble surtout par moment très prétentieux. De là à dire que c’est un film pour ados, il n’y a qu’un pas. Mais encore faudrait-il que les ados puissent avoir peur d’un tel navet et il y a qu’une chose qui fait peur ici: c’est de ce dire que Michael Bay finance des réalisateurs qui ont encore moins de talent que lui.
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le 19 nov. 2014

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