Film de catastrophe épidémiologique coréen, Pandémie ne met pas l'accent sur la survie ou la sauvagerie, mais sur les aspects politiques et la gestion de crise. Il remplit largement son contrat, d'abord en tant que divertissement, de façon plus relative pour la mise en conditions. Le traitement est simple mais généreux, le pop-corn movie pas paresseux. Les solutions échouent (l'hystérie du passeur de clandestins en est la pire responsable), les difficultés se multiplient, le film brassant de nombreuses confusions, intérêts, etc.
Un esprit bon-enfant (et même comique au départ) domine, avec des poussées 'bigger than life' bien Z (comme la scène des explosions simultanées). Les personnages peuvent être idiots mais finissent par s'épaissir et devenir aimable, ou occuper des fonctions significatives dans le cas des divers gestionnaires. Les deux secouristes ne sont pas lumineux, n'ont jamais vraiment conscience des situations, mais leur disposition apporte un contrepoint apaisant et encourageant. La mère et la fille sont atypiques à cause de leur dureté, ou d'une sentimentalité froide mais explosive dans le cas de la gamine.
La première qualité du film est son haut niveau d'intensité, sa faculté à garder le rythme trépidant et à générer des émotions nettes et fortes rapidement. Une fois que ces effets retombent ou sont mis de côté, de nombreuses failles apparaissent, comme la dépendance du film aux standards du genre (un des morceaux est très proche du theme de 28 jours plus tard) ou certaines zones grises frisant l'incohérence ou la négligence compartimentée (tout ce qui concerne le porteur d'anticorps – d'ailleurs sa mort est un problème, mais il a été tué, la santé n'est donc pas en cause et cette piste, vraie ou fausse, ne sera pas éclairée). Mais il reste encore le mérite de montrer des réactions réalistes, malgré le goût prononcé pour les actions symboliques. Les implications sont précises : établissement de camps, isolement de la population et intrusion chez chacun, élimination des infectés.
Mais la profondeur n'est pas de mise et l'approche reste généraliste : ainsi le film sert la bonne blague du cynisme politicard, avec le premier ministre s'appuyant sur l'opinion publique pour défendre l'autorisation de tirer ; s'il s'agit de pointer une bonne blague justement, alors cet argument est recevable, sinon c'est de l'indignation de zappeur ou de novice. Les autres passages obligés dans le registre sont cohérents, par exemple les violences militaires – il y a des salauds plus assumés que d'autres et un président obstiné pour tenir le beau rôle, mais pas de diabolisation. Finalement cet opus vaut Busan, sans subir les limites spatiales ; il a bien plus de mordant que l'américain Contagion, centré sur la paranoïa plutôt que les menaces et effets concrets.
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