Je ne m'attendais pas à grand chose, les films du genre tant mis en avant tombant souvent dans le piège du consensuel...et en fait c'est ce qui arrive un peu à ce film qui pour autant est meilleur que je l'espérais.
En effet, sur le plan de la forme, le film s'avère très équilibré et bien rythmé dans sa progression : on s'ennuie rarement et le film dose assez bien l'introduction de surprises avec le développement des situations. De même, les variations de ton sont harmonieuses : l'humour qui oscille entre le déjanté et l'acide arrive assez naturellement et sans forcing (cf. l'Hollywood récent désastreux), complétant même le propos en diminuant le côté potentiellement nauséeux d'un pathos qui aurait pu être ici une voix de la facilité.
En clair, Parasite est une œuvre tragicomique plutôt impressionnante sur le plan de la forme. En outre, encore sur ce point, le film est assez réaliste et présente un tableau plutôt fidèle de deux mondes et de leurs liens (ou du mur qui existe entre eux), jusque dans le choix des acteurs puisque les "riches" sont tous passés sur le billard alors que les "pauvres" sont tous "naturels" (en tous cas pas au niveau de chirurgie ahurissant de l'acteur moyen de ce pays). Ce tableau réaliste n'est pas non plus monomaniaque puisqu'il s'étend sur plusieurs thèmes sans insister énormément dessus (les talents impossible à développer à cause des études fermées, etc.).
Avec tout ceci, on pourrait penser que Parasite serait un chef d'œuvre ? Eh bien à mon sens non, il lui manque le soupçon de sensibilité et de profondeur qui aurait pu vraiment le rendre inoubliable. Ici, le propos est assez classique pour le pays et n'arrive pas vraiment à mon sens à faire sortir les personnages de leur archétype. Certes, ces caricatures permettent de mettre en lumière le contraste que pose le film, mais en même temps le propos en lui-même est assez équilibré (en résumé avec une ENORME caricature par flemme : les pauvres sont des frustrés prêts à se transformer en animaux, les riches des faux gentils qui traitent les pauvres comme leurs laquais au cœur derrière la forme), ce qui aurait justifié une sensibilité accrue. Par exemple, un film comme "Je ne suis pas un salaud" arrive à dégager une ambiance personnelle qui suscite des questionnements et une résonnance personnelle tandis que Parasite est davantage un tableau de société dont la principale force est de ne pas non plus se prendre excessivement au sérieux. Peut-être que sacrifier certaines scènes dispensables voire excessivement ridicules aurait aidé.
En définitive, Parasite est un excellent film sur la forme, très bien joué et mis en scène. Les idées y sont présentées avec harmonie et finalement humilité, ce qui rend son visionnage accessible et efficace. En revanche, au delà de la métaphore du sous-sol qui est assez bien sentie, le film s'avère peut-être un peu trop lisse en ce qu'il n'amène pas vraiment de sensibilité propre sur le fond, l'empêchant de s'imprimer vraiment dans le cœur. Ainsi, même si j'ai bien aimé le film, je ne pense pas que je le reverrai, l'intérêt d'un deuxième visionnage me semblant douteux.