Ha, voilà le film réalisé par 'celui qui a réalisé "The host" '. Je suis un peu déçu.


Pourtant j'ai bien accroché à la première moitié. La mise en place est un peu longue malgré des scènes vite expédiées : ça reste crédible, les personnages ayant l'opportunité de s'exprimer. La seconde moitié est moins fun. Parce que le réalisateur change sa trajectoire : plutôt de confronter ces deux familles par le biais d'une lutte des classes un peu vicieuses, l'auteur décide de parler des loups qui se mangent entre eux en faisant intervenir un nouveau personnage. Cela donne lieux à des scènes intéressantes en soi, il y a de la tension, mais tout cela nous distrait du sujet initial. Ce nouveau personnage ne vient pas de nulle part, il a été un peu préparé (pas assez), n'empêche qu'il annule un peu tout ce qui avait été travaillé précédemment, et ainsi, plusieurs éléments dignes d'un bon fusil de tchekov sont complètement balayé hors du film (comme le journal intime, par exemple). C'est dommage.


Surtout que l'auteur a du mal à trouver une fin : la confrontation finale est loin d'être aussi réjouissante qu'on l'espérait, s'en suit un épilogue qui donne l'impression de ne jamais finir, un peu hors sujet par rapport au début, bourré de facilités et mettant en lumière une évolution aussi rapide que difficilement convaincante. Comme si une telle violence ne devait au final que permettre aux personnages de grandir (on ne peut pas faire plus belle apologie de la violence en fait). Mais sans qu'on comprenne réellement en quoi ça les a fait grandir. Je suis très déçus des choix de l'auteur sur la fin. Mais heureusement, le scénario ne repose pas uniquement sur les résolutions : durant le film, il y a plusieurs scènes bien écrites, des dialogues très malins, une dose intelligente d'humour mélangée à de l'horreur sociale.


Et puis il y a un instant magique : pendant toute la première moitié, on se rend compte que les riches sont crédules mais sympas et que seuls les pauvres sont des méchants. Mais au détour d'une conversation entre le père et la mère (relation pas assez développée dans le film, dont plusieurs éléments sont amenés avant d'être abandonnés) sur les odeurs, on comprend que les riches ne sont pas aussi sympas que prévu. Malheureusement ce moment génial ne trouvera pas une suite à la hauteur : l'auteur se contente de répéter ce même fait, ce qui est assez maigre pour attaquer les riches, et ça ne va donc jamais plus loin que ça.


La mise en scène est impeccable : la photographie est plaisante, les décors sont très chouettes et très bien exploités. Le jeu sur les étages revient en permanence (le mal et la misère viennent toujours du bas) et la manière dont l'auteur exploite ce concept est assez ludique. Les acteurs sont tous très bons. La musique fonctionne bien aussi.


Bref, c'est le scénario qui déçoit, à cause d'une deuxième partie pas assez raccord. Mais le tout reste sympa à regarder.

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2019

Critique lue 471 fois

13 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 471 fois

13

D'autres avis sur Parasite

Parasite
AnneSchneider
8

La maison fait le moine...

La septième réalisation du monumental Bong Joon Ho est fréquemment présentée comme une critique acerbe des inégalités qui minent la société coréenne. La lutte, d’abord larvée et de plus en plus...

le 2 juin 2019

269 j'aime

37

Parasite
Vincent-Ruozzi
9

D'un sous-sol l'autre

La palme d'or est bien plus qu'une simple récompense. C'est la consécration pour un réalisateur ainsi que pour le cinéma qu'il représente. Il faut voir les discours de ces derniers qui, émus, avouent...

le 29 mai 2019

229 j'aime

30

Parasite
Larrire_Cuisine
5

[Ciné Club Sandwich] Lisez le premier paragraphe avant de nous insulter parce qu'on a mis 5

DISCLAIMER : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à tous les films car nous ne sommes pas forcément favorable à un système de notation. Seule la critique...

le 4 juil. 2019

162 j'aime

23

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55