Comme un air d'Americana.

C'est quasiment le cas chaque année ; parmi le flot de blockbusters qui nous tombe dessus se cache un film un peu plus subtil, plus modeste dans son ambition, mais qui cache souvent une grande réussite.
Ça peut être le prequel de La planète des singes sorti en 2011, et en 2016, c'est celui-ci, annoncé comme un remake du film homonyme de 1977, mais qui est plus malin que ça.

Excepté le prénom du garçon, et le dragon nommé Elliott, il n'a absolument rien à voir avec ce qui était auparavant tourné en prise de vues réelles et en animation. Ici, c'est l'histoire d'un petit garçon, Peter, unique survivant d'un accident de voiture, qui va errer dans une forêt remplie de loups jusqu'à croiser un grand dragon qu'il va nommer Elliott, et qui a le pouvoir de se rendre invisible.
Désormais, la bestiole est entièrement en CGI, et il faut avouer que le résultat est souvent bluffant de réalisme, notamment dans l'interaction avec Peter.
Ce dragon est aussi une légende dans la ville voisine, notamment pour le vieil homme incarné par Robert Redford qui raconte à des enfants l'avoir croisé dans sa jeunesse, ce qui exaspère sa fille, garde champêtre qui va elle aussi rencontrer le dragon, pensant au départ que tout ça n'était qu'une légende...

Bien évidemment, nous sommes dans une production Disney, donc ça reste mignon tout plein, mais le film cache en apparence plusieurs choses plus graves. Notamment la relation entre la jeune femme et Peter, qu'elle prend pour le garçon qu'elle semble rêver de vouloir avec son mari.
Ou alors la déforestation, l'industrialisation qui arrive en masse dans cette ville paisible. Car, bien que ça ne soit jamais appuyé, le film se passe dans les années 1980, avec cette réalisation très agréable qui lui donne un air d'Americana, la bourgade paisible au fin fond du pays, avec une belle musique faisant souvent intervenir du country, et non pas la dernière musique à la mode.

J'ai l'impression que le réalisateur, David Lowery, a été embauché pour restituer au mieux cette ambiance vintage, déjà présente dans son précédent film Les amants du Texas. C'est si réussi qu'on pense parfois à une production Amblin de cette époque, plein de bons sentiments en apparence, mais qui a un sous-texte plus grave.

Les acteurs font bien le job, que ce soit Bryce Dallas Howard, Karl Urban (le méchant de l'histoire), Wes Bentley, et la présence surprise de Robert Redford, impeccable dans le rôle du vieux bougon qui a tout vu.
Mais là où le film m'a le plus surpris, la magie du cinéma, ce sont dans ses lieux de tournage ; absolument tout laisse penser que ça a été tourné dans une bourgade américaine, mais non ; c'est intégralement australien ! J'avoue n'y avoir vu que du feu, pour le coup...

Peter et Elliott le Dragon fait partie de ces agréables surprises, injustement passées inaperçues, mais qui vaut le coup d’œil, notamment pour les nostalgiques des productions Amblin.