Je revois régulièrement ce film pour deux raisons. Il est un traumatisme d'enfance, enfin traumatisme le mot est peut-être un peu fort mais j'ai vu le film si jeune qu'il m'avait vraiment durablement marqué. Le revoir aujourd'hui me replonge toujours un peu dans cet enfant aux yeux grands ouverts devant ce thriller plein d'angoisse. La seconde c'est que c'est une des plus belles et des plus angoissantes (avec des passages allant jusqu'à évoquer Ligeti) BOF de Morricone et que je suis un tel Morriconien que je peux revoir un film que pour sa musique... Après le film est vraiment plein de défauts. Pas seulement de rythme ou de ton, mais notamment d'intrigue, c'est hallucinant ! Denner et Bebel croisent Minos plein de fois et ne le reconnaissent jamais alors qu'ils l'ont pourchassé la veille dans l'escalier, sur les toits, ils connaissent très bien sa dégaine, son look, son oeil de verre, mais quand ils sont en face de lui ils ne tiquent même pas ! c'est impardonnable des erreurs aussi grossières. Bon, le truc cool c'est que c'était la copie restaurée diffusée hier, celle qui vient de sortir en bluray, et revoir le film dans ces conditions, surtout sur les vues larges sur un Paris froid et souvent nocturne, ça a quand même de la gueule.
visionnage de 2019 : Un des grands films de mon enfance, un de ceux qui m'avaient le plus traumatisé dans le bon sens du terme. La dernière fois que je l'avais revu, j'avais été terriblement déçu et ce coup-ci j'ai en revanche beaucoup aimé de nouveau. Hormis la sublimissime musique de Morricone (dans le top 10 du musicien je pense), le film est magnifique dans les longues séquences silencieuses, il y en a plein, de course-poursuite, de traque, etc. En revanche, il est beaucoup plus maladroit dès que c'est dialogué, en incombe à Francis Veber qui est visiblement beaucoup plus à l'aise dans le registre comique.
Visionnage de 2021 : Je le connais par coeur, j'y vois à chaque fois plein de défauts, mais j'ai pourtant souvent envie de le revoir. Déjà parce que c'est un film (traumatisant) d'enfance et que je regarde en espérant retrouver ce sentiment originel, ensuite parce que c'est l'une des plus belles partitions ever de Morricone et que Verneuil lui donne la part belle et l'utilise admirablement, mais aussi parce que c'est l'une des rares tentatives (avec Sans Mobile Apparent de Labro, là aussi sublime musique de Morricone), de Giallo à la Française. Et rien que pour cela c'est louable. Ce qu'il y de plus réussi dans le film, c'est la façon dont Verneuil film Paris, comme si c'était NY, se perdant dans les hautes tours de la Défense, filmant de nuit des milliers de lumières qui illuminent une ville sombre et inquiétante. Il réussit vraiment son coup. C'est magnifique encore aujourd'hui. Un Paris froid et flippant. Son méchant est top, le célèbre Minos, et ses scènes d'actions sont toutes très belles, qu'il s'agisse de la grande poursuite dans et sur le métro ou de celle des Galeries Lafayette. En revanche, Verneuil échoue dans ses dialogues (signés Veber) tous caricaturaux, cherchant le bon mot permanent à la Audiard. C'est fatigant et cela empêche de croire à ce que l'on voit. Belmondo est aussi un problème. Oui, il habite le personnage, mais un peu trop. Il commence déjà à Belmondiser et se met en permanence en avant, alors que le personnage principal du film c'est la ville. Du coup il y a un côté très caricatural sur la façon dont l'enquête est menée (il y a un nombre d'incohérences hallucinant) mais l'ambiance du film est si prenante qu'on finit toujours par y revenir.