Ce qui fascine dans Phantasm n’est certainement plus sa dimension horrifique puisque l’œuvre, à quelques exceptions faites, n’effraie guère, réside plutôt dans l’ambiance malsaine et anxiogène où s’abolit la distinction entre rêve et réalité. Car le fantasme, s’il constitue une vision hallucinée ici de la mort incarnée par le Tall Man, est une construction de l’esprit qui offre à son détenteur l’occasion de surmonter son angoisse et donc de faire son deuil. Phantasm c’est la boîte noire qui emprisonne la main que la peur elle-seule retient, c’est le cercueil et ses spectres revivifiés par la nuit. Don Coscarelli soigne chaque plan, opte pour des scènes courtes reposant sur un montage rapide de sorte à perdre le spectateur dans l’esprit du jeune garçon. Avec un petit budget le réalisateur parvient toutefois à concrétiser sa vision, est obligé de recourir à des astuces qui rappellent qu’un film est avant toute chose une création artisanale et unique bricolée par une équipe de passionnés. Phantasm fascine parce qu’il échappe sans cesse, parce qu’il ne se laisse que rarement saisir pour qu’en retour nous en ressentions les effets, encore et encore. On en ressort avec des images des visions des textures comme au réveil d’un rêve, dans l’attente désespéré du suivant.