Phantasm
6.2
Phantasm

Film de Don Coscarelli (1979)

"You play a good game, boy. But the game is finished, NOW YOU DIE !!!"

Le cinéma d'horreur américain est riche en croquemitaines : Michael Myers, Chucky, Jason... La liste est longue et nombre d'entre eux sont connus du grand public, mais il ne faut pas oublier l'un d'entre eux, trop méconnu à mon goût : le Tall Man, antagoniste de Phantasm, de Don Coscarelli.


Disons-le tout de suite, Phantasm ne fait pas très peur, sa principale force se repose sur son atmosphère pesante, servant à merveille l'histoire mélangeant la SF, l'horreur et le fantastique, d'un jeune adolescent marqué par le deuil qui remarque des trucs pas très catholiques dans une entreprise de pompes funèbres, comme un homme en costard extrêmement grand et assez balèze pour soulever un cercueil tout seul, ou des boules de métal volantes munies qui se plantent dans la tête des intrus pour leur défoncer la tronche.


Ce qui frappe déjà, c'est bien sûr l'atmosphère pesante et irréelle du film, doté de peu de musiques mais qui sait les placer au bon moment, aidant à la tension des scènes et à l'ambiance. Don Coscarelli, très grand afficionado de giallos, avait voulu rendre ici hommage aux thèmes que le groupe Goblin avait composés pour pas mal de films de Dario Argento (écoutez-moi ça, par exemple, vous m'en direz des nouvelles). Cet amour des giallos se retrouve également dans les quelques scènes sanglantes, où le faux sang utilisé n'a certes pas très bien vieilli, mais contribue à leur charme désuet.


Faut aussi saluer la réussite des effets spéciaux, qui ont nécessité des trésors de débrouillardise étant donné le petit budget de 300 000 dollars (mais le film est très bien rentré dans ses frais, avec 12 millions de bénéfices). Dans la plupart des plans avec une boule tueuse, par exemple, il ont lancé la boule, puis mis le plan à l'envers pour faire croire qu'elle bougeait d'elle-même, les couloirs du bâtiment de pompes funèbres, eux, étaient en bois et recouverts de papier peint pour imiter le marbre. Le résultat est réussi. Il y a aussi des nains encapuchonnés rappelant les Jawas de Star Wars IV, mais c'est probablement une coïncidence, la production de Phantasm ayant débuté avant la sortie du film de Lucas.


Du fait de son petit budget, Coscarelli n'avait pas les moyens d'engager beaucoup d'acteurs professionnels, de nombreux personnages sont donc joués par des amis ou des membres de sa famille. Malgré un certain amateurisme, la majorité d'entre eux s'en sort bien et rend leurs personnages crédibles. Notamment dans le lien qui unit le héros, grand bricoleur (ça l'aidera pas mal à un moment du film, d'ailleurs) et son grand frère, fan de guitare, qui en joue souvent avec son pote. C'est tout con mais ce genre de petits trucs permet de très bien caractériser les personnages et de les humaniser.


Mais la crème des personnages reste bien entendu le Tall Man, interprété par Angus Scrimm (qui était très sympa dans la vraie vie, preuve qu'il sait jouer un personnage avec lequel il n'a pas beaucoup de points communs), géant sarcastique et maléfique, empreint d'une vraie aura et d'une réelle dangerosité, surtout dans les scènes se déroulant au sein des Pompes Funèbres, tendues à souhait.


Image de film d'horreur marquante que ces boules tueuses et ce géant inhumain évoluant dans un décor trop blanc et propre pour être sain, au même titre que ce loup courant dans la neige au début de The Thing, ou ce liquide vert démoniaque dans Prince des Ténèbres (sans doute le Carpenter le plus sous-estimé, d'ailleurs), cela est probablement dû au fait que les boules poursuivant des intrus dans un couloir blanc furent inspirés à Coscarelli par un cauchemar.


J'ai quand même un peu de mal à croire qu'il ait une note aussi moyenne sur SensCritique, je peux comprendre qu'il soit assez daté par certains aspects, mais quand même...


Le film est d'ailleurs disponible sur youtube.
Je vous conseille également la reprise du très bon thème principal, par le groupe de Death Metal Entombed.


PS : Il y a aussi une scène au début avec un jeu où le but est de mettre sa main dans une boîte et de ne pas avoir peur. Référence évidente à Dune, reste à savoir si Coscarelli fut inspiré par les romans de Frank Herbert ou son projet d'adaptation par Jodorowsky, dont les story-boards et scénarios trainèrent à l'époque dans tout Hollywood.


Note : 7,5.

Créée

le 1 janv. 2020

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