Die Hard est un grand bloc inattaquable. Un bloc dans lequel chaque conflit semble être crée dans le simple but de sa résolution. En cela, McTiernan renoue avec une vaine du cinéma classique Hollywoodien, signe de son universalité absolue mais parfois sa limite aussi. Ce sentiment de plénitude naît de la conscience que tout a été consommé. L’énergie de McClane tout d’abord, ce corps soumis, au gré des péripéties, à toutes les (im)possibilités humaines et ce jusqu’à l’épuisement. Après la célèbre scène, laissée hors-champ, des morceaux de verre, nous retrouvons McClane dans une salle de bain ; point de départ de l’action initiale. Résigné, il demande à son collègue à l’extérieur de s’excuser pour lui auprès de sa femme au cas où il n’en ressortirait pas vivant. McTiernan en décidant de s’attarder sur ce moment d’inaction qui dénote avec le rythme du métrage dévoile tout le projet de son film et à fortiori du modèle classique. Cette fin-ci étant inenvisageable, le spectateur comme McClane le sait et une rétroaction, consubstantielle au cinéma Américain, se doit d’être effectuée.
Débarassé de toute psychologie, McClane (et à travers lui Bruce Willis) est un pur personnage Américain dans la lignée directe d’un John Wayne ou d’un Steve McQueen. Se définissant lui-même comme « l’emmerdeur, le poil à gratter, l’empêcheur de tourner en rond » et voyant dans l’action la réponse la plus nette à une menace extérieure. Parler peu mais agir juste serait son crédo. Cette menace, d’abord envisagé comme terroriste n’a au fond qu’un simple but lucratif, rien de politique ici. La grandeur de McTiernan est de simplier parfois jusqu’à l’abstraction ces différents éléments de scénario en de simples archétypes du genre et ce, afin de transposer les enjeux dans un travail purement cinématographique et cinétique. C’est la volonté d’utiliser toutes les possibilités d’un lieu (le Nakatomi Plaza) dans une unité de temps précise, manière à la fois de précipiter l’action et de l’installer dans la durée. Mieux encore, un simple élément du scénario parcourant et structurant tout l’édifice. Dans l’avion, au tout début du film, un voisin conseille à McClane, acrophobe, de faire le point avec ses orteils afin de retrouver contact avec le sol. Tout son trajet consistera à vaincre cette phobie et de second à premier rôle, dominer cet espace hostile. McTiernan en reprenant ici l’esthétique du film de guerre prophétise en quelque sorte le devenir urbain de la guerre contemporaine, réticulaire et non plus pyramidale, sujet même d’Une journée en enfer.
Par un tour de force tout à fait étonnant, McTiernan, cinéaste du trait d’union et non de la rupture assimile le cinéma des maitres classiques tout en le soumettant à des problématiques tout à fait modernes. En cela, Die Hard est un vrai film anachronique.