Deuil au monde
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Non, ce film n'est pas une parodie ; pas plus que Nicolas Cage le héros d'un énième film d'action bas de plafond sauce Liam Neeson. Pig prend précisément le contre-pied (de cochon) de ce type de film régressif. Sérieusement. Et avec intelligence.
S'il reprend la recette habituelle (développements, thèmes, mise en scène) des films de vengeance, c'est pour mieux évider le genre de sa substance de colère, de bourre-pif et de manichéisme: les bastons sont remplacées par des séquences d'empathie âpre. La violence graphique se mue en psychologie amère. De ce point de vue, la chorégraphie des dialogues n'est pas toujours percutante ni raffinée. Mais vu la sobriété de l'ensemble, la simplicité des situations suffit largement à la démonstration.
Pig propose au moins une double réflexion sur la violence: celle des êtres qui peuplent son récit car derrière chaque compromission, chaque crasse faite à autrui(e), se terre une forme de haine de soi qui rend possible les pires travers de la "société". Celle, cathartique, par effet miroir du détournement de genre, des spectateurs affamés du spectacle du gentil pilonner les méchants. On se retrouve face à quelque chose de plus subtil où tout le monde se voit fracasser à coups d'humanité, où la recherche du pouvoir est une fragilité et la véritable puissance, le refus de la domination. Reste à découvrir quel effet leur fera cette nouvelle saveur: il y a des palais peu délicats...
Techniquement le film se montre généreux au niveau de ses cadres et de la sophistication de certaines lumières. En revanche, l'image est trop sombre pour ta télé. Mieux vaut le voir au cinéma.
Ni sanguinolent ni larmoyant et certainement pas arty-intello-chiant, Pig est une curiosité cinématographique honnête parce qu'il renverse les codes d'un genre pour le hisser vers quelque chose de plus (af)fûté.
Créée
le 31 oct. 2021
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