Hormis le magnétisme de son acteur, c'est divertissant mais ça n’a pas la puissance de ses aînés.

Avec “Piranhas” on a le droit en tous points à une version junior de « Gomorra », film devenu un classique du film de mafia réaliste, se déroulant à Naples également, et aussi du chef-d’œuvre magistral qu’est « Suburra », mettant en scène également la mafia mais romaine cette fois. Mais donc aussi à un film moins ambitieux, moins définitif et moins maîtrisé. Est -ce par le fait que les protagonistes soient mineurs que tout cela paraît moins impressionnant et réussi? Difficile à dire mais sur bien des aspects, le long-métrage ne tient pas toutes ses promesses. Néanmoins une chose est sûre, ce film de mafia version culottes courtes a beau être très sérieux, son ampleur est égale à celle de ses protagonistes, c’est-à-dire limitée en dépit de ses ambitions affichées d’égaler ses glorieux aînés. Un peu comme « Gomorra », le film revêt souvent un aspect documentaire et ressemble plus à une chronique sur ces jeunes apprentis mafieux qu’à un thriller avec une intrigue digne de ce nom. Et ce qui ne dérangeait aucunement pour le film cité précédemment, devient beaucoup plus préjudiciable ici. Le script tourne vite en rond et devient répétitif, faute d’avoir quelque chose de plus dense à raconter, ce qui a pour effet de trouver parfois le temps long. Il manque d’un axe narratif clair et le film ressemble à une accumulation de petites anecdotes qui se greffent les unes sur les autres autour du groupe de jeunes et de leur leader mais sans réel but final. Et du coup, on a la sensation que Giovanesi ne sait pas comment conclure son film…


On accorde à cette œuvre originale pour son thème plus que pour son contexte, une plongée sociologique tout autant que sociale dans une réalité effrayante. Une réalité qui voit de jeunes enfants de plus en plus désœuvrés basculer du mauvais côté par appât du gain, misérabilisme du quotidien mais aussi par mimétisme et fascination pour les aînés. Cela égratigne au passage la vision quasi sacrée qu’on peut avoir de la Camorra. Et ça fait froid dans le dos! Mais Giovanesi fait le choix discutable d’esthétiser sa mise en scène ce qui occasionne des plans magnifiques mais sanctifie un peu trop des personnages à la morale et aux motivations douteuses. Parfois, certains plans très beaux réveillent dans l’inconscient une dimension presque mythologique d’une certaine jeunesse. Attention, on n’est heureusement pas dans le clinquant ni le tape-à-l’œil. On voit dans ce récit le passage bien trop rapide de l’enfance à l’âge adulte, comme un récit initiatique violent et abrupt. « Piranhas » doit beaucoup au charisme magnétique de son jeune acteur principal, Francesco Di Napoli, d’une prestance impressionnante qui nous faisant avaler des séquences à la limite de la crédibilité vu l’âge des protagonistes y évoluant. On peut aussi noter que la petite romance présente dans le long-métrage se positionne comme une bulle d’air bienvenue et pas trop imposante dans le fil du récit. Une œuvre tout de même sympathique qui ne révolutionnera rien mais se place comme la petite sœur énervée de bien des films sur le sujet.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 11 juil. 2019

Critique lue 126 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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