Pirates des Caraïbes - La vengeance de Salazar par iori

Il y a un moment où il faudra bien se rendre à l’évidence: le Jack Sparrow qui personnifiait la saga pirates des caraïbes ne fait plus effet.
Comme un sachet de thé qu’on aurait laissé trop longtemps dans l’eau, le Johnny Depp fini par devenir néfaste à la franchise qu’il a presque façonnée.


On le sentait déjà dans un épisode 4 laborieux qui peinait à négocier le virage post trilogie. Tout ce que ça avait montré, c’était à quel point on pouvait se fourvoyer en pratiquant un acharnement thérapeutique au nom de la rentabilité (ce qui n’était pas une découverte).
Ça faisait aussi mal que de voir un moribond qu’on maintiendrait en vie pour éviter de payer les frais de successions.


D’un côté cet épisode 5 peut remercier son prédécesseur d’avoir aussi scrupuleusement enraillé la belle machine: c’est plus facile de reconstruire sur des ruines, quand il n’y a plus grand chose à détruire.


C’est pour ça qu’on apprécie de retrouver des bases : le fils Turner est là pour assurer la succession, la nouvelle héroïne est une scientifique histoire de lui donner un peu de saveur et d’éviter le syndrome princesse Peach..
C’est gentil, ils sont charmants, et on se dit qu’il suffirait de quelques jolies actions pour qu’on s’habitue à eux et qu’on les suive sans trop s’ennuyer.


Ça tombe bien parce que l’autre point fort de la saga, c’est de nous proposer un univers marquant: des décors de rêves, des bateaux à se damner, des malédictions, des monstres, de quoi en prendre plein les yeux.
A ce niveau là aussi la vengeance de Salazar s’en sort relativement bien, et quelques plans de navigation donnent envie d’aller faire un tour dans le décor (on oubliera bien volontiers la fin du film et son Océan coupé qui ne m’a pas plu).


Le seul hic c’est qu’on a bien du mal à suivre ce qui se passe: tous les éléments s'enchaînent maladroitement, en oubliant un peu vite que ce ne sont pas quelques scènes drôles qui permettent de noyer la faiblesse du reste.
Le problème c’est qu’il faut caser ce foutu Jack, et qu’on se sent obligé de lui donner à chaque fois le rôle du pitre. C’est sûr qu’on l’aime pour ses excentricités, mais j’ignore qui de lui ou de moi a le moins bien vieilli pour que chacune de ses apparitions soit pire que la précédente.
Il faut dire aussi que chaque passage humoristique est trainé en longueur jusqu’à plus soif: je veux bien adhérer à des choses aussi improbables qu’un bâtiment qu’on tire le long d’une rue, d’une guillotine qui tourne sur elle même ou que sais-je encore, mais est-ce vraiment nécessaire d’y rester de longues minutes?
Ce sont sans doute ces passages qui rendront le film mémorable pour les plus jeunes, alors qu’ils m’ont semblé vulgaires, surfaits, et pénibles.
J’en viens à espérer que la saga puisse se séparer de Johnny Depp, qu’on puisse s’attacher à découvrir d’autres personnages, à penser qu’on peut avoir d’autres enjeux que l’éternelle quête du black pearl. Bref je veux garder le même univers sans se sentir obligé de garder 30% de Johnny Depp parce que “c’est comme ça”.


Cet épisode n’est pas totalement mauvais mais il aurait gagné en efficacité s’il avait pu élaguer certains passages et revenir à quelque chose de plus simple et cohérent.

iori
5
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le 13 juin 2017

Critique lue 176 fois

iori

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