Le bucher des vanités

Ce sera donc le cinquième et dernier film du duo Bacri-Jaoui
L’histoire se déroule dans un lieu unique et le temps d’une soirée comme dans deux des films précédents du duo : Cuisine et dépendances et Un air de famille.
Place publique c’est la fête du bucher des vanités. Avec tout d’abord Castro, interprété à merveille par Jean-Pierre Bacri, cet animateur télé vieillissant rattrapé par le jeunisme de la société. Jean-Pierre Bacri interprète, la moumoute en plus un Thierry Ardisson plus vrai que nature.
Il y a Nathalie, jouée par Léa Drucker la productrice de Castro qui se découvre néo-rurale mais qui à part l’agriculteur bio complétement perché (et sûrement néo-rurale lui aussi) ne connaît pas le monde rural et le méprise. L’histoire du chien qui aboie et que Nathalie souhaite tuer me fait penser à ces gens qui ont fait un procès pour faire tuer le coq de leur voisin.
Le jeunisme est incarné par un youtubeur Mister V qui incarne bien le jeune crétin arriviste méprisant les provinciaux car oui, à 35 minutes de Paris, c’est déjà la province.
Jean-Pierre Bacri citant Jean d'Ormesson nous dit :

A vingt ans, si on n’a pas le cœur à gauche, on a pas de cœur. A quarante ans, si on a toujours le cœur à gauche, on n’a pas de tête.

Hélène, Agnès Jaoui à toujours vingt ans dans sa tête. A l’opposé de Castro son ex-mari est toujours de gauche, faisant signer des pétitions à tous les invités. Elle est touchante, louchant sur un amour de jeunesse Frédéric Pierrot qui a depuis tourné la page.
Nous croisons aussi Samantha aveuglée par les paillettes de ces stars pourtant toutes méprisables.
Le film est excellent, les personnages excellent, les dialogues sont savoureux aussi savoureux que les personnages sont détestables. Un élément que j’adore dans ce film et dans les films en général c’est la musique jouée en live, ici, notamment par les musiciens Fernando Fiszbein et Roberto Gonzales Hurtado les guitaristes qui accompagnent Agnès Jaoui. La musique live dans les films offre une fraicheur sans pareil aux scènes.
De ce film que j’ai beaucoup aimé, je retiendrai plusieurs des scènes, avec Jean-Pierre Bacri qui aujourd’hui prennent une tournure nostalgique depuis que cet immense acteur nous a quitté :
L’intro avec la danse sur La Rage de Keny Arkana.
La mauvaise imitation d’Yves Montand par Castro
Et surtout le final, exceptionnel avec Jean-Pierre Bacri chantant Osez Joséphine d’Alain Bashung accompagné à la guitare par Roberto Gonzales Hurtado.