Ça sent le Roissy

Hugo Boris est un auteur qui m'est sympathique à plus d'un titre, le premier, chronologiquement, étant qu'il est un collègue de travail talentueux et énergique. J'ai lu avec grand intérêt ses deux premiers romans, après quoi je dois humblement reconnaitre n'avoir pas eu l'occasion de continuer...
Aussi à l'annonce de la sortie de Police adapté par Anne Fontaine, me suis-je précipité dans une salle obscure en avant-première, par solidarité, mais aussi par intérêt. Le film a l'air de prendre un tour lugubre dans les carrières respectives des comédiens, et les extérieurs-nuits ont l'air beaux et envoûtants.

Mais en fait, non.

Déjà, les quarante premières minutes, entre les mains de n'importe quel monteur compétant, devraient en durer vingt... Il n'y a aucune raison narrative à présenter la journée des trois personnages à plusieurs reprises en reprenant les évènements, car il n'y a pas de révélation ou de remise-en-question de qui ils sont les uns pour les autres.

Là, ça provoque une mise-en-place pénible et procédurière, voire un peu gratuite... Il y a beaucoup de points-de-vue, mais aucun regard.

Du coup, quand l'incident déclencheur intervient, j'avais déjà plus tellement envie de les suivre... Alors que les comédiens sont tous les trois très bons, très justes, c'est dommage.
On a accès à leurs diverses actions et récriminations en pagaille les uns envers les autres, mais pas vraiment à ce que ça leur provoque.
La deuxième partie en est sévèrement impactée : j'attends un drame, ou un revirement qui puisse les mettre sur la sellette, mais non : tout reste en dedans, et nous dehors. J'imagine qu'en livre on peut justement sonder leurs âmes avec plus de minutie et amener le lecteur à les suivre, mais là dans le film y'a rien a faire, je suis resté passivement à attendre sans être immergé.

Après le Polisse de Maïwenn et surtout L.627 de Tavernier, ce Police fait un peu pâle figure... Cela dit, j'ai eu l'impression que la salle réagissait bien, les gens riaient pas mal aux bougonnements d'Erik et aux vannes d'Aristide. J'imagine que le film plaira à plus de gens qu'à moi tout seul...

Je dois tacher de lire le bouquin, maintenant.