Il est assez difficile de juger ce premier western réalisé par Sergio Leone. D'abord parce que s'il n'est peut-être pas le premier western spaghetti, il contribuera allègrement au succès du genre, qui sera amélioré par la suite (avec la continuation de la trilogie du dollar, ou le monument "C'era una volta il West"). "Per un pugno di dollari" souffre ainsi de la comparaison avec certains de ses "frères" devenus plus grands que lui.


Ensuite, parce qu'il s'agit du remake officieux -certains diront plagiat- du "Yojimbo" de Kurosawa. Au-delà des procès qui en découlèrent, le scénario assez riche du film de Leone est ainsi presque intégralement repompé sur "Yojimbo"... mais c'est assumé (et certes illégal !).


Il y a donc différentes façons d'appréhender "Per un pugno di dollari" aujourd'hui. Quelle que soit la manière dont on le regarde, on ne peut pas nier l'originalité et l'audace de la forme, qui façonneront le western spaghetti.


BO hispanique d'Ennio Morricone, paysages américanisant de la Sierra Nevada espagnole, gros plans et jeux de regards dopant des confrontations corsées, violence prononcée et sanglante, et une galerie de gueules venues de toute l'Europe pour incarner des personnages crasseux et suants dont un regard vaut tous les dialogues du monde.


De ces personnages se détachent en prime Gian Maria Volonté, inquiétant en méchant cruel et implacable. Et bien sûr Clint Eastwood, dont la carrière s'envola grâce au succès du film. Avec son poncho et son cigarillo, l'acteur est la classe incarnée lorsqu'il joue cet "homme sans nom" cynique et individualiste, qui a tout de même un bon fond. On ne s'étonne guère que ce personnage fera partie des incontournables de la carrière de l'acteur/réalisateur.


Tant d'éléments qui semblent évidents pour un spectateur moderne, et qui en réalité se sont construits à contre-pied du western américain, et qui ont relativement secoué à l'époque.


Et s'il faut reconnaître quelques petites maladresse dans la forme, probablement due au budget limité et au tournage en mode guérilla, le génie de Leone éclate à l'occasion. En particulier dans les séquences d'affrontements, assez savoureuses.

Redzing
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le 23 juil. 2022

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