Petit frère c'est en regardant ce film que j'ai pensé à toi. J'ai pensé à toutes ces heures loin de nous, de tes amis, de ces plaisirs quotidiens qui font parti de la vie. Tu as sacrifié une partie de ta jeunesse pour devenir médecin, docteur, "toubib". Tu as vécu l'enfer des nuits blanches à réviser, des amphithéâtres bondés, l'angoisse des résultats, cette recherche constante d'être parmi les meilleurs afin d'avoir une petit chance d'obtenir ta première année. Que tu n'as pas eu. Mais tu n'as pas renoncé, tu as retenté ta chance, car oui, "chance" est le mot qui vous convient ,vous, étudiants en médecine. Tu as bravé tes doutes et le destin pour accéder au panthéon des secondes années.
Thomas Lilti signe un film émouvant, plein de sollicitude envers ces aspirants médecins dont le hasard gangrène chaque moment. Il s'est entouré du doux William Lebghil et du talentueux Vincent Lacoste pour nous conter un enfer d'amitiés et de déceptions. Le premier, sans talent apparait va se révéler un étudiant naturellement doué et le second, à la vocation gargantuesque un éternel malchanceux, prisonnier d'un système qui n'accouche non plus de médecins mais de surhommes. Oublié la vocation, la passion.
Le dynamisme de la mise en scène nous transporte les deux premiers tiers du film entre drôlerie et consternation. Le pire dans le pire c'est que les déconvenues vécues par ces jeunes gens sont absolument vraies, elles nous surprennent, nous font rire, nous dégoûte et nous laisse baba devant ces travailleurs forcenées pour la plupart voués à l'échec.
Thomas Lilti est un ancien médecin, ses oeuvres présentes traitent toutes du serment d'Hippocrate. À vouloir dénoncer un système kafkaïen et destructeur il finit par s'enfermer dans une logique de révisions intenses et de stress permanent, enfermant nos deux héros dans une routine trop bien réglée et finit par lasser le spectateur en l'abreuvant de formules chimiques et d'examens blancs. La légèreté des premiers instants se perd et le film s'étire pour se terminer sur un joli climax malheureusement attendu.
1h30 de médecine, c'est bien assez. Cette première année, quoique décevante, a le mérite de faire vivre deux belles âmes, deux frères d'armes qui luttent pour leur avenir et leur bonheur intérieur.