Croisade futuriste

Voilà un affrontement qui aurait pu rapidement tomber dans les clichés du genre s’il n’avait fait le choix – judicieux – de recentrer son intrigue autour de l’action pure et dure : on prend place dans Priest comme dans un train à grande vitesse où les escales proposées ne retardent que de quelques minutes la lancée du vaisseau qui fonce tête baissée vers ses ennemis. La structure du récit rappelle celle d’une prophétie : l’élu prend le risque de suivre l’appel qu’il a reçu contre l’avis de ses Pères et part en croisade rétablir la sainte parole, ici lobotomisée par un système tyrannique. La parabole d’un père cherchant à sauver sa fille du péché – le vampirisme – et vivant dans le deuil d’une épouse perdue évoque la dévotion ultime attendue d’un envoyé de Dieu disposant de la foi comme arme majeure ; elle bénéficie des chœurs endiablés de Christopher Young qui livre ici une composition musicale superbement gothique, conférant davantage encore au métrage son aspect religieux. S’il souffre de son postulat de base somme toute limité et de l’absence de profondeur dans l’écriture de ses protagonistes, le film se laisse pourtant suivre sans déplaisir et propose des idées de mise en scène impressionnantes que le spectateur conservera après visionnage. Une belle curiosité, épique et efficace.