Dans ses problématiques de fond, le film est passionnant puisqu’il est multiple. Il s’attaque autant à la figure de l’enseignante passionnée qu’à ses démêlés personnels concernant la garde de son fils ; Il cherche l’universalité dans la classe en brossant les portraits d’élèves en difficulté, d’une jeune fille handicapée, d’un garçon délaissé par sa mère ainsi qu’au quotidien fragile de celui qui évolue dans la classe de sa mère tout en vivant dans les logements attenant à l’école. Les conflits entre enseignants ne sont pas oubliés non plus, en salle des maitres comme à la cantine. Ainsi que les diverses angoisses à propos des préparations du spectacle de fin d’année. Tout cela sans délaisser non plus cette cruauté manifeste qui règne entre les écoliers d’une école primaire.


 Un tel magma a son revers de médaille, notamment d’un point de vue formel tant les situations sont trop vite évacuées et tant ce défilé de saynètes parasitent ce qu’elles contiennent. C’est d’autant plus surprenant qu’Hélène Angel avait offert avec Propriété interdite un vrai film d’épouvante, épuré, mystérieux. Bref, absolument rien à voir. L’aspect assemblage ne permet pas de donner corps au dispositif, en tout cas loin de ce qu’elle faisait de la maison dans son film précédent. Et puis le film s’embarrasse d’un atout rom’com (avec la présence un peu gratuite de Vincent Elbaz) pas super finaud.
Il faut attendre le dernier quart pour que le film respire enfin, pour qu’il offre quelque chose de plus inattendu de par ce spectacle d’enfants (Qui rejoue la création de l’Homme par les dieux) puis au moyen d’un épilogue, elliptique, absolument bouleversant. Pour en arriver là on passe par tous les états. Et comme ça va souvent trop vite, car il faut en mettre le plus possible, les petits ne sont pas très bons. Enfin disons qu’ils sont souvent saisis par une grimace ou une phrase/torpille un peu fabriquée. Et les grands c’est pareil, surtout du côté des autres enseignants – Sara Forestier, comme à son habitude, est excellente. Etrange de la voir de ce côté, d’ailleurs, treize ans après L’esquive.
Bref, c’est moyen. Trop hybride, je pense. A la fois dans la lignée de Ça commence aujourd’hui, le chef d’œuvre de Bertrand Tavernier, autant qu’il lorgne du côté d’Etre et avoir (le registre documentaire) mais aussi souvent vers Le plus beau métier du monde. En fait, la comédie s’infiltre beaucoup trop à mon sens. Et pas la comédie façon Le nouveau, quoi, il est bien là le problème. C’est donc un film plutôt maladroit, dispersé, mais il est aussi généreux, il a au moins cela pour lui.
JanosValuska
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le 12 mars 2017

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JanosValuska

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