Hardcore SF

Tout commence abruptement, avec des discussions vides de sens pour les non-initiés, trop de sciences, trop de mots techniques, on halète, on étouffe des fois... Les plus scientifiques d'entre nous auront cru voir venir des choses et se seront trompés.
Le ton est donné mais il ne faut pas se laisser leurrer, le hard est surtout ailleurs.

Dans ce film, on voyage avec les personnages au sein du chaos des paradoxes temporels, de ce qui sera fait dans le passé et qui ne devrait pas avoir eu lieu. En tout cas, pas encore. Les indices sont partout, on ne voit rien. Le futur est l'inconnu mais pas pour tous.

Bien loin des films simplistes (mais aussi plus accessibles) où les protagonistes font du "tourisme", générant des modifications abusément démesurées, Primer impose des règles plus dures. La limitation de la trame temporelle s'y révèle être un choix pertinent.
Les ficelles ne sont pas grossières, tout est dans les détails.

Primer est un défi de logique, un puzzle à reconstituer.
Au-delà des simples successions d'évènements scénaristiques, la photographie, les couleurs, les filtres, ou encore la dynamique (ou son absence) des prises de vue, s'intègrent parfaitement à l'énigme. Le scenario a dû être extrêmement bien préparé, seule la manière de le présenter est intentionnellement bordélique, pour perdre le spectateur plus profondément dans le labyrinthe.

Les acteurs sont bons.
On se retrouve avec des personnages auxquels on s'identifie par leur simplicité. On vit l'aventure à leur niveau, ressentant la perte graduelle de contrôle.

En bref, un vrai plaisir !
Un film à voir à plusieurs, histoire de perdre la nuit sur une tentative de rationnaliser ce que l'on croit comprendre.