N'ayant pas vu Incendies mais en ayant entendu le plus grand bien, je n'étais pas vraiment inquiet avant d'aller voir Prisoners, surtout avec les excellentes critiques reçues par ce dernier. Le québécois (nul n'est parfait) Denis Villeneuve s'attaque avec Prisoners à son premier film hollywoodien, ou plutôt son deuxième, après Enemy, également avec Jake Gyllenhaal, tourné avant mais qui sortira après. Semble-t-il très talentueux, Villeneuve poursuit donc son irrésistible ascension. C'est avec ce thriller que j'aurais du mal à définir (psychologique ou policier ? Les deux conviennent) que le public américain le découvre vraiment. Et moi aussi.
Pour le casting, il s'est entouré de plusieurs noms connus, qui lui assurent une bonne exposition, mais pas forcément une prestation de qualité. Jake Gyllenhaal, donc, est l'une des deux stars à l'affiche. Il ne m'a personnellement jamais déçu. Ce n'est pas pour lui que je me fais du souci. Hugh Jackman est bien plus aléatoire, et n'a pas un don pour choisir ses films (peut-être faut-il blâmer son agent pour ça), puisqu'on le connaît principalement pour son rôle de Wolverine (beurk), et il était récemment à l'affiche des Misérables (beurk) dans le rôle de Jean Valjean (beurk beurk). Pourtant, dans Prisoners, il surpasse de loin Gyllenhaal. Il n'y a à mes yeux pas photo. Le rôle de ce dernier est de toutes façons trop effacé pour offrir une grande composition, alors que Jackman est réellement dans son personnage, presque possédé par le script. Je serais plus mitigé en ce qui concerne Terrence Howard, assez neutre, et Viola Davis, parfois vraiment énervante.
Mais Hugh Jackman suffit à la réussite de ce film. Le film est centré sur lui, et c'est sa prestation qui nous fait vraiment entrer dans le drame vécu par ces deux familles. Intégré dans le film, on subit les chocs, on les prend de plein fouet. On est tout simplement fait prisonniers de ce scénario, pourtant très sobre et trop irrégulier. On enchaîne parfois les péripéties comme des perles, à ne plus pouvoir se reposer si l'on veut bien suivre. A d'autres moments, le rythme baisse un peu et on attend impatiemment la suite. Pour autant, on ne s'ennuie jamais. Tout simplement grâce à cette ambiance que l'on doit donc notamment à Hugh Jackman, mais aussi et surtout à la caméra de Villeneuve, qui montre la violence et le choc pour troubler et fasciner le spectateur, accompagnée d'un son des plus flippants (les cris de Paul Dano sont terrifiants). C'est très désagréable de voir ce film, et c'est pour ça qu'il est si bon. Une grande réussite, un coup de cœur indéniable, mais ce n'est pas vers lui que je me pencherais pour me détendre pendant une période de stress...