J'ai comme tout le monde un énorme capital sympathie pour Eric Judor, qui élève tout de même la comédie hexagonale au-dessus de la merde ambiante de ces 20 dernières années.
Le mec est fan de Ricky Gervais, qui lui fut paraît-il recommandé par son pote Quentin Dupieux. Dans son film on retrouve l'humour de malaise du premier (certes moins patent que dans Platane) et un peu de la fantaisie du second dans un scénario (certes écrit par Blanche Gardin et Noé Debré) décalé mais pas pompeux.
On trouve aussi un air de comédie à l'italienne, dans cette galerie d'être humains qui ne méritent décidément pas d'être sauvés, si ce n'est par la politesse du désespoir : l'humour.


J'ai lu de ci de là des reproches quant à l'épaisseur et au rythme des gags. Les comédiens incarnent en effet plus ou moins bien des rôles plus ou moins bien écrits. Mais le vrai défaut du film réside plutôt dans le déséquilibre des forces.
Si moquer le zadiste et le couillon écolo-gaucho est un exercice moins courant que fustiger la droite et son pendant crasseux de l'extrême, ça n'en n'est pas moins facile. Car quoi que l'on nous rabâche, la connerie est encore la seule chose qui parvienne vraiment à "dépasser le clivage gauche-droite".
Le contre-point est proposé par le scénario : c'est la pollution qui tue l'humanité, et l'individualisme qui l'enterre. Pour autant ça manque d'acuité dans le contraste entre le petit bourgeois médiocre et ces marginaux au mieux complètement cons, au pire hypocrites ou vraiment barges. Il aurait peut-être fallu un meilleur acteur, quelqu'un qui sache se faire détester en finesse, incarner aussi bien la rigidité que le cynisme, l'égoïsme ou l'hypocrisie version conservatisme... A vrai dire il aurait fallu un Christian Clavier, plutôt qu'un Eric Judor, qu'il est décidément impossible de ne pas sauver.

claucloc
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le 26 mai 2017

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