A défaut d'être hilarante, cette comédie reste moins coconne que certaines et donc bien moins futile. Sans doute parce que l’objectif n’est pas seulement qu’on rigole dans le vide.
Malgré quelques gags parfois un peu lourds (l’atelier règles, les orgasmes sonores sous la douche, les morts qui réapparaissent...) l’écriture est plutôt percutante et les mimiques d'Eric Judor restent inimitables (pour peu qu’on n’y soit déjà sensible car déjà adepte de Platane notamment). Blanche Gardin et Bun Hay Mean qui ont gagné leurs galons d’ « humoristes à succès » ne gâchent rien.
Sous ses airs pas sérieux, ce film sketch fait la démonstration critique, moqueuse, un brin cynique du retour à l’état de nature. C’est que ces sympas branquignoles aux idéaux bancales ont beau faire "ainsi font font font" avec les mains à tout bout de champ pour valider des consensus plus absurdes les uns que les autres, ils n’ont pas tout à fait rompu avec leurs travers d’hommes policés : l’une veut être chef, un autre se fabrique une cabane dont il loue les services, tous mettent à la marge un « clodo » à cause de son odeur …bref, chassez le naturel il revient au galop et l’on finit par céder à ce que l’on dénonce sans même s’en émouvoir. Autorité, pouvoir, égoïsme, propriété, individualisme, amour-propre, nous collent à la peau un peu crasseuse de la vie en communauté. Certains intraitables concluront que la nature humaine est incurable, d’autres plus indulgents que l’utopie d’un monde idéal égalitaire et pacifique n’est facile que sur le papier (recyclé). Sur le même thème mais dans une autre tonalité, c’était déjà la désillusion de Captain Fantastic. Si on ne renonce pas pour autant à l’utopie, on doit donc se résoudre à opérer quelques aménagements. Expérience rousseauiste.

Jeannne
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le 18 mai 2017

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