Promare
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Promare

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Imaishi (2019)

Quand je serai grand je serai pompier

2019, mais quelle belle année pour qui aime la démesure sur grand-écran. Promare malgré sa faible présence en salles a beaucoup fait parler de lui et à juste titre.


Le film est incroyable visuellement, tout le monde l’a dit et redit et je n’irai pas à contresens de l’avis global tel un outsider rebelle au cœur pur face à la tyrannie de l’élite qui écrase le cinéma sous l’oppression de son pseudo bon gout et pardon je m’égare, c’est la faute à ce film qui a réveillé l’esprit nekketsu en moi.


Pour en revenir aux visuels on a du gimmick et du neuf. Ceux qui ont vu Gurren Lagann reconnaîtront ces plans iconiques, parfaitement composés où le temps s’arrête pour que les protagonistes et antagonistes aient le temps de taper la pause et marquer l’esprit du spectateur dès leur entrée en scène. On retrouve également ces plans circulaires qui iconisent les gros mechas, la caméra qui recule pour mieux cadrer la transformation mais celle-ci fini par rattraper et exploser le cadre comme si l’engin était trop gros pour tenir dans l’image. Dans les nouveautés on a cet espèce de chaos de formes géométriques qui submergent notre champ de vision. Un chaos assez impressionnant quand on pense au travail effectué pour lui donner vie parce que ça a dû être un véritable casse-tête pour les artistes bossant sur le film pensez donc : donner vie à un déluge de carrés et de triangles de couleurs toutes plus bariolées les unes que les autres dans un cadre quasiment toujours en mouvement et conserver toutefois une lisibilité impeccable de l’action lors des bastons génialissimes. Franchement chapeau bas.


Toujours pour ce qui est de la forme du film, autant j’ai été prévenu que visuellement ça allait envoyer du lourd, mais personne ne m’avait mis en garde quant à l’orgasme auditif que j’allais subir. Et là il convient de saluer le travail de Hiroyuki Sawano, à qui l’on doit déjà les bandes sons de l’Attaque des Titans, Kill la Kill, Blue Exorcist, Aldnoah .Zero, j’en passe et des meilleures vous l’aurez compris, le mec a un cv en béton. Les thèmes musicaux procurent moult frissons appréciables, et j’ai retrouvé ce kiff de passer de la bonne j-pop épique lors des affrontements les plus emblématiques.


Et après avoir parlé de cette plastique de rêve qui à mes yeux justifie à elle seule un 20/20, abordons le fond du métrage.


Je tiens juste à préciser que selon moi un film n’a pas besoin de sous-texte pour être appréciable, l’interprétation n’est pas là pour légitimer les dix étoiles. Allons-y donc, spoilers à compter d’ici, et on va pas tortiller du cul pour chier droit.



LES FUCKINGS TRIANGLES ROSES



Je veux bien que des fois, souvent même, on cherche la métaphore LGBT+ là où elle n’est pas. Mais bordel. Le symbole des opprimés dans ce film ce sont les triangles roses. La scène où Lio (meneur des dits-opprimés) se déchaîne s'ouvre sur un plan de celui-ci avec un triangle rose sur la poitrine. Ce genre de symbole n'est pas anodin, surtout quand on cause discrimination. Je veux dire en plus du bisou par du tout hétéro en fin de film, les mecs qui subissent des rafles, sont traités d’abomination, sont en proie au rejet et à la pression mentale qui en découle et qui sont symbolisés par des TRIANGLES ROSES, non vraiment ce film a traité de façon beaucoup plus cash (et vénér aussi) que les X-Men la discrimination homophobe (sauf peut-être Deadpool 2). Plus vénér oui car ici on va pas te dire que "roooh, il faut briser le cercle de la violence, roooooh si tu te défends en tappant tu vaux pas mieux que ton agresseur". Non ici pas de cette bien-pensance à la con, les oppresseurs on leur pète la gueule façon nekketsu à bon gros coup de mecha et on explose le système Trigger-style (woh woh, fight da powa). Jouissif.


Le seul bémol pour moi est le twist final de bah en fait le grand méchant il fait partie des populations qui sont discriminées. C’est pratique comme ressort scénaristique ça par ce que ça permet à la classe dominante qui regarde le film de se dire "oh bah ça va j’y suis pour rien je peux dormir la conscience tranquille". Un peu la rhétorique très gerbante qui consiste à dire que les homophobes sont des homos refoulés, et non pas des hétéros homophobes. C’est pratique ça aide à se dédouaner.


A noter que si la métaphore queer est très présente, elle ne s’accapare pas tout le film. Le discours anticapitaliste est là, on a une scène de femme battue, la violence et la frustration de la société engendrera sa chute (ça c’est dès l’intro), les flics sont complices des exactions de leurs supérieurs, le culte de la personne et j’en passe.


Pour finir sur le fond du film, je déplorerai juste une facilité scénaristique un peu trop grosse à mon goût qui, même si tu l’appelle ouvertement Deus Ex Machina, n’en reste pas moins un bon gros Deus Ex Machina. Quand bien même la vanne m’ait beaucoup fait rire.


Au final Promare c’était tout ce que j’aime dans le cinéma. Du bourrin, de la démesure, de l’épique, servis par une bande-son savoureuse et avec un message qui brosse dans le sens du poil le péday-gauchiasse-radicalisé que je suis. Et c’est certainement pas un Deus Ex Machina grossier et un aspect du sous-texte qui me déplait qui m’empêcheront d’élever ce film dans mon panthéon personnel.

HaikoW
10
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le 26 oct. 2019

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HaikoW

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